Co-Enzyme Q10 - Ses effets sur la santé Rebecca Lee BSc, ND https://www.marsdencentre.com 17 June 2016 Langue Français Co-Enzyme Q10 - Ses effets sur la santé by Dr. Becky Lee ND Naturopathic Doctor 9131 Keele Street Concord, ON L4K 0G7 T: 905-508-4498 F: 905-508-4827 www.marsdencentre.com CoQ10 et santé du cœur Plus de 1,4 million de Canadiens souffrent de maladies cardiaques. Elles comptent parmi les principales causes de décès au Canada avec plus de 33 600 morts par an [1]. Les maladies cardiaques comprennent l’insuffisance cardiaque, l’angine de poitrine, la cardiomyopathie, la maladie coronarienne, les valvulopathies et d’autres affections liées au cœur. Ces chiffres stupéfiants exigent les meilleurs traitements possibles et la coenzyme Q10 (CoQ10) s’est avérée un remède prometteur. Le cœur Le cœur humain adulte pèse entre 200 et 425 g. Il convertit efficacement l’énergie chimique en énergie mécanique. Il pompe 5 litres de sang chaque minute, soit 7200 litres par jour et plus de 2,6 millions de litres par an [2]. L’hypertension artérielle constitue un facteur de risque cardiovasculaire majeur dans le monde. Pour 2/3 des patients qui utilisent la pharmacothérapie, leur pression artérielle ne se régule pas de manière optimale [3]. D’autres interventions s’avèrent donc extrêmement importantes étant donné qu’une réduction de 5 mm Hg de pression systolique a été associée à une baisse de 7 % de la mortalité générale [4]. Les conséquences de l’insuffisance cardiaque demeurent préoccupantes et malgré des techniques de diagnostic et des traitements sophistiqués, le risque de décès 5 ans après le diagnostic reste supérieur à 50 % [5]. Les niveaux de CoQ10 dans le sang prédiquent indépendamment la mortalité liée à l’insuffisance cardiaque congestive [6]. Introduction à la CoQ10 La CoQ10, aussi appelée ubiquinone, fut isolée pour la première fois en 1957 à partir de mitochondries de bœuf. Elle se trouve fortement concentrée dans les cellules du muscle cardiaque en raison de leurs besoins énergétiques accrus [7]. En plus de son rôle dans la formation de l’ATP, la CoQ10 sert à retarder ou à prévenir la peroxydation lipidique et améliore la stabilisation de la membrane cellulaire [8,9]. Les mitochondries présentent une certaine vulnérabilité face aux dommages oxydatifs. En conséquence, les antioxydants qui ciblent ces mitochondries, comme la CoQ10, constituent une stratégie thérapeutique efficace pour prévenir ou réduire la progression des troubles cardiovasculaires, et d’autres maladies [10]. La CoQ10 se retrouve principalement dans les organes actifs comme le cœur. Une baisse importante de CoQ10 peut être observée à mesure que les gens vieillissent [11]. Un corps humain adulte contient environ 2 g de CoQ10, et 0,5 g doit être remplacé chaque jour. Le taux de renouvellement moyen dans le corps s’établit donc autour de 4 jours [11]. Dans les essais cliniques, la supplémentation en CoQ10 s’est révélée efficace dans les troubles cardiovasculaires comme : la cardiomyopathie, l’hypertension, l’angine de poitrine, l’athérosclérose, la cardiopathie ischémique, la chirurgie cardiovasculaire, l’hypertension, les cardiopathies valvulaires et les infarctus du myocarde [12,13]. Sources de CoQ10 Les sources courantes de coQ10 incluent : le bœuf, la volaille, le brocoli, l’huile de soja, les huiles de poisson, les arachides, les sardines et le maquereau. Cependant, l’apport journalier moyen de CoQ10 se quantifie entre seulement 2 et 6 mg. Cette concentration reste bien insuffisante pour engendrer des effets bénéfiques en cas d’état pathologique [12,13]. Métabolisme et excrétion Tractus biliaire → Fèces [60 %] ↗ Bouche → Intestin grêle → Sang → Foie ↘ Cœur et autres organes L’intestin grêle absorbe la CoQ10 qui rejoint alors la circulation sanguine, laquelle la transporte vers le foie où elle subit une biotransformation. La CoQ10 est ensuite excrétée principalement par voie biliaire. Tout au long de ce métabolisme, seule une fraction de la quantité ingérée arrivera aux organes comme le cœur, les glandes surrénales, les reins et les poumons [14, 15]. Absorption et dosage En raison de sa nature lipophile [qui « aime les gras »], la CoQ10 est mieux assimilée durant les repas ou sous forme émulsionnée. Des prises séparées maximisent également l’absorption tout en minimisant les effets secondaires potentiels [14]. Quelle forme de CoQ10 s’avère la meilleure ? Certaines sources indiquent que l’ubiquinol, la forme réduite de la CoQ10, serait deux fois plus assimilable que l’ubiquinone [16]. Les observations sur l’ubiquinol mettent en lumière une absorption nettement améliorée, des niveaux de CoQ10 sanguins rehaussés, et des résultats cliniques plus positifs qu’ils n’auraient été possibles avec l’ubiquinone, même à 900 mg/jour [17]. Toutefois, il fut également rapporté que la forme de CoQ10 ingérée n’a pas réellement d’importance en ce qui concerne le degré d’assimilation. L’ubiquinone semble être réduite pendant ou après l’absorption dans l’intestin et, par conséquent, plus de 95 % de la CoQ10 en circulation existe sous forme d’ubiquinol, plus active après son ingestion [11]. En fin de compte, déterminer la meilleure forme entre ubiquinone et ubiquinol reste quelque peu problématique. La dose quotidienne recommandée de CoQ10 varie de 30 à 100 mg pour les personnes en bonne santé [11], et de 60 à 300 mg dans le traitement de différentes maladies [13]. Le dosage maximum suggéré, bien toléré et sûr, atteint 1200 mg pour un adulte [18]. Les taux sanguins normaux vont de 0,7 à 1,0 µg/ml. Des doses de 30 à 60 mg préviennent la carence en CoQ10 et maintiennent des concentrations sériques normales [13]. Cependant, les dosages thérapeutiques cliniquement utiles peuvent multiplier par deux ou quatre la posologie d’entretien. En fait, une supplémentation de 450 mg de CoQ10 par jour permet d’aboutir à un taux plasmatique de 4 µg/ml, et réussi à inverser le cours de sévères insuffisances cardiaques [13]. Atteindre ces niveaux peut demander des jours ou des mois. À titre de repaire : 100 mg/jour de CoQ10 pendant deux à huit mois augmentent de 20 à 85 % les taux de CoQ10 dans le myocarde de patients atteints de cardiomyopathie [19, 8]. En raison de cette lente élévation plasmatique de la CoQ10, l’amélioration clinique se manifeste normalement entre une à quatre semaines après le début d’un traitement. Observer un bénéfice clinique maximal peut donc nécessiter des mois de supplémentation [13]. Mécanisme d’action Les fonctions de la CoQ10 touchent, entre autres, à l’expression de multiples gènes. Cette régulation des gènes et le contrôle du métabolisme permettent d’expliquer bon nombre des effets de la CoQ10, en l’occurrence cardiovasculaires [20]. Les bienfaits de la CoQ10 dans les cas d’hypertension résultent de son action directe sur la paroi vasculaire, atténuant ainsi sa résistance. Les radicaux libres inactivent l’oxyde nitrique (NO), et empêchent de ce fait la relaxation des muscles lisses de la paroi vasculaire. La CoQ10 comme piégeur de radicaux libres prévient la vasoconstriction et la hausse de tension artérielle induite [21]. En ce qui concerne l’insuffisance coronarienne et l’infarctus du myocarde, on pense que l’impact direct de la CoQ10 sur la production d’énergie mitochondriale améliore la disponibilité de l’ATP des cœurs défaillants, et donc leur fonctionnement [13]. Effets secondaires Dans un essai à long terme portant sur 3 500 personnes atteintes d’insuffisance cardiaque congestive, seul un léger trouble gastro-intestinal fut signalé comme effet secondaire [22]. La supplémentation en CoQ10 s’est avérée exempte d’effets secondaires à des doses allant jusqu’à 600 mg/jour, et reste bien tolérée et sûre jusqu’à 1200 mg/jour [18]. En dehors d’un possible inconfort abdominal, ont également été observés dans de rares cas la nausée, le vomissement, la diarrhée, l’anorexie, l’éruption allergique et les maux de tête. L’effet antiplaquettaire de la CoQ10 peut accroitre le risque de saignement, en particulier chez les patients qui prennent des médicaments antiplaquettaires [15]. Par ailleurs, son action semblable à celle de la vitamine K peut s’opposer aux effets anticoagulants de la Warfarine [23]. Que dit la recherche ? ILa CoQ10 fut étudiée dans le cadre d’un essai clinique randomisé impliquant 424 personnes atteintes de différents types de maladies du myocarde [24]. Les participants reçurent en moyenne 240 mg de CoQ10 par jour durant un an et demi. Un progrès significatif a été observé selon la classification fonctionnelle du New York Heart Association (tableau 1) : 58 % des patients augmentèrent leurs scores d’une classe NYHA, 28 % de deux classes et 1,2 % de trois classes. Une meilleure fonction myocardique devint mesurable au bout d’un mois, puis elle atteignit son maximum après six mois environ. Par ailleurs, l’amélioration des symptômes perdura chez la majorité des patients. 43 % des participants purent stopper entre un et trois médicaments, et seulement 6 % d’entre eux se virent prescrire un médicament additionnel. L’arrêt de la supplémentation en CoQ10 entraîna une baisse mesurable de la fonction myocardique en l’espace d’un mois, et une régression des valeurs aux niveaux précédents le traitement, en trois à six mois [24, 25]. Tableau 1 : Classification de la capacité fonctionnelle cardiaque — New York Heart Association (Chavey, 2001). ClassificationDescription IAsymptomatique IISymptômes à l’effort modéré IIISymptômes avec un minimum d’effort IVSymptômes au repos La population âgée peut profiter de la CoQ10 pour atténuer les effets secondaires des antihypertenseurs. De fait, leur fréquente consommation peut se révéler problématique à cause de l’incidence accrue d’hypotension posturale, laquelle augmente le risque de chute et de morbidité associée. En 1991 et 1997, deux essais cliniques ont confirmé que la réduction de la pression artérielle systolique de 20 mm Hg diminuait l’incidence d’AVC, d’insuffisance cardiaque et de mortalité en général [26, 27]. Ces recherches furent menées avec des adultes de plus de 60 ans souffrant d’hypertension systolique isolée (pression artérielle systolique > 140, pression artérielle diastolique < 90). Le Tableau 2 résume une partie des essais cliniques consacrés aux effets de la CoQ10 sur l’hypertension et les pathologies cardiovasculaires./p> Tableau 2 : Essais cliniques consacrés aux effets de la CoQ10 sur l’hypertension et les pathologies cardiovasculaires. Profil d’étude Maladie cardiaque évaluée Dosage de CoQ10 Résultats Étude randomisée contrôlée en double aveugle versus placebo n = 38 (28) Cardiomyopathie congestive idiopathique 2mg/kg/jour en deux ou trois doses séparées, jusqu’à un maximum de 10mg/kg/jour selon la tolérance et les effets secondaires. Après six mois de supplémentation, les enfants de 8 mois à 15 ans ont montré des progrès significatifs de leur fonction diastolique (p = 0,011) par rapport au groupe témoin [28]. L’indice moyen de défaillance cardiaque pour ce groupe [5,8] était également inférieur à celui du groupe témoin (9,0, p = 0,024). La CoQ10 sembla améliorer la fonction diastolique et l’insuffisance cardiaque chez les enfants atteints de myocardiopathie dilatée. Méta-analyse (12 essais cliniques) n = 352 (20) Hypertension 100 à 120 mg par jour durant 8 à 12 semaines. Cette méta-analyse comprenait quatre essais randomisés prospectifs et huit études comparatives « avant — après » [20]. La CoQ10 réduit la pression artérielle systolique jusqu’å 17 mm Hg, et la tension artérielle diastolique jusqu’à 10 mm Hg. Étude randomisée contrôlée en double aveugle versus placebo n = 39 (29) Insuffisance cardiaque systolique de stade II et III (NYHA) 50 mg 3 fois par jour. Le groupe supplémenté en CoQ10 montra par rapport au groupe témoin une amélioration de 0,5 classe (P = 0,01) dans la classification NYHA ; une augmentation significative du test de marche avec + 6 minutes de distance (P = 0,047) et une hausse de la tolérance à l’effort (P = 0,056) [29]. Étude randomisée contrôlée en double aveugle versus placebo n = 42 (30) Insuffisance cardiaque terminale 120 mg par jour. Après 12 semaines, les résultats par rapport au groupe témoin révélèrent une diminution de : la dyspnée (14,3 vs 52,4 %, P <0,05), la palpitation (9,5 vs 85,7 %, P <0,02) et la faiblesse (19,0 % vs 52,4 %, P <0,05) [30]. De plus, on observa dans le groupe CoQ10, des réductions significatives de la fraction d’éjection, de l’épaisseur et de la masse de la paroi ventriculaire gauche et des volumes finaux systoliques et diastoliques. Étude randomisée contrôlée en double aveugle versus placebo n = 76 (31) Hypertension systolique isolée 60 mg deux fois par jour. Chez les hommes et les femmes âgés de 50 à 75 ans, une baisse moyenne de 17,8 7,3 mm Hg de PA systolique fut mesurée après 12 semaines de supplémentation [31]. 55 % des participants de ce groupe obtinrent une réduction 4 mm de Hg de la PA systolique. Aucun des patients n’a présenté de changement de pression artérielle orthostatique. Implications cliniques La prise de CoQ10 chez les personnes atteintes d’une maladie cardiaque n’est pas seulement utile, mais essentielle pour obtenir des améliorations cliniques. Bien que la science sur ce sujet demande des recherches plus poussées, suffisamment d’études indiquent à ce jour des résultats positifs pour l’utilisation de la CoQ10. Sa nature non toxique et le peu d’effets secondaires font de la CoQ10 un traitement sécuritaire pour tous les âges et pour un large éventail de maladies cardiovasculaires. À la suite des résultats positifs présentés de par le monde sur la CoQ10, des pays comme le Japon, la Hongrie, l’Italie, la Norvège et le Danemark accordent maintenant sa prescription autorisée pour l’insuffisance cardiaque et la cardiopathie ischémique [32]. Cette démarche officielle démontre la valeur de la CoQ10 au niveau médical et encourage son utilisation de manière plus répandue. Références Government of Canada. Heart Disease - Heart Health · http://healthycanadians.gc.ca/diseases-conditions-maladies-affections/d… heart-disease-eng.php · Updated 2015‑02‑12 · Accessed 2016‑02‑25. Soukoulis, V., et al. “Micronutrient deficiencies an unmet need in heart failure.” Journal of the American College of Cardiology Vol. 54, No. 18 (2009): 1660–1673. Yusuf, S., et al. “Effect of potentially modifiable risk factors associated with myocardial infarction in 52 countries (the INTERHEART study): Casecontrol study.” Lancet Vol. 364, No. 9438 (2004): 937–952. 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