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Rhythm and Blues : les facteurs sous-jacents du trouble affectif saisonnier (TAS)

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Le trouble affectif saisonnier (TAS), également appelé dépression saisonnière, est un trouble de l’humeur reconnu par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM ). Les critères d’un diagnostic de TAS incluent des périodes de forte dépression se produisant pendant une saison spécifique, chaque année, pendant au moins deux ans, avec une rémission complète à la fin de la saison spécifique. 1 Le TAS est plus courant en hiver mais il peut se produire au printemps et en été. La dépression peut être légère ou plus sévère, avec des symptômes à la fois mentaux et physiques. Les symptômes les plus fréquents du TAS incluent de la fatigue et une augmentation de l’appétit. 2 Les autres symptômes que l’on peut rencontrer sont une humeur dépressive, une perte d’intérêt pour les activités que l’on appréciait auparavant, des changements dans le sommeil, un sentiment de nullité, de la difficulté à se concentrer et des pensées suicidaires. Ces symptômes peuvent avoir des répercussions profondes sur la vie quotidienne et le fonctionnement des personnes affectées. Les personnes les plus susceptibles de développer un TAS sont les femmes, les personnes les plus éloignées de l’équateur et âgées de 18 à 30 ans, même si cela peut se produire à n’importe quel âge. 3,4 Il existe également une sous-catégorie du TAS, appelée TAS sous-syndromal, qui se définit par des changements d’humeur négatifs se produisant pendant une saison spécifique et ne remplissant pas les critères d’une période de dépression majeure. 5

probiotics Pourquoi cela se produit-il ?

Grâce à des décennies de recherche, nous savons désormais que le TAS est un trouble de l’humeur assez complexe. Plusieurs théories concernant la pathophysiologie seront présentées dans cet article. Il semble probable que les facteurs internes et externes qui ont été identifiés dans ces théories jouent tous un rôle dans la pathogenèse de ce trouble de l’humeur.

probiotics L’hypothèse de la latitude

La première théorie, et peut-être la plus connue, est celle de la latitude. C’est une des premières causes que l’on a étudiées dans le TAS. Elle repose sur l’idée que les personnes vivant à des latitudes plus élevées sont plus susceptibles d’avoir un TAS à cause de la diminution de l’ensoleillement auquel elles sont exposées pendant les saisons hivernales. Quelques études ont donné lieu à des résultats corroborant cette théorie, cependant, quelques exceptions ont également été relevées. Dans la plus grande étude menée sur l’hypothèse de la latitude, un questionnaire validé pour le TAS, le questionnaire d’évaluation des changements saisonniers, a été envoyé par courrier dans quatre régions des États-Unis situées à des latitudes différentes (n = 1671). Il a été constaté que les incidences de TAS hivernal et sous-syndromal étaient plus élevées dans les latitudes septentrionales (p < 0,001). 6Cette théorie a été quelque peu remise en question lorsqu’une étude s’est intéressée au TAS chez des islandais ayant émigré au Canada par rapport au TAS au sein de la population ethnique vivant à cet endroit (n = 252). Il a été constaté que les taux de TAS chez la population islandaise étaient bien plus faibles que chez les autres populations immigrées (p < 0,001). 7 Cela suggère qu’en plus de la latitude, des facteurs génétiques sont certainement impliqués ou que les islandais ont développé une certaine tolérance.

Des recherches plus récentes nous permettent de mieux comprendre le rôle de la génétique dans le TAS. Des études sur des familles et des jumeaux ont abouti sur des résultats qui démontrent l’existence d’un lien génétique dans le TAS. 8 D’autre part, une étude d’association pangénomique a identifié des variations génétiques impliquées dans la neurogenèse et le rythme circadien de l’adulte chez les personnes atteintes du TAS. 9 Cela suggère l’implication d’un composant génétique dans le TAS.

probiotics L’hypothèse du changement de phase

Une autre théorie potentielle pour le développement du TAS est celle de l’hypothèse du changement de phase. Selon cette hypothèse, la dépression saisonnière résulte de changements de phase du rythme circadien interne en lien avec l’environnement externe. Plus spécifiquement, cela a trait à des perturbations dans les rythmes associés à la mélatonine et à la température du corps s’opposant à l’horloge externe et aux cycles sommeil-éveil. 8 Ces changements de phase peuvent avoir du retard ou de l’avance mais le retard serait plus prévalent dans le TAS. Dans une étude plus récente, il a été déterminé que 71 % des participants de l’étude avec un TAS avaient un retard de phase et 29 % étaient en avance (n = 68). 9 Il faut toutefois noter que le nombre de participants était assez faible dans cette étude et que des études à plus grande échelle seront nécessaires pour soutenir davantage cette hypothèse. Cette théorie a cependant éveillé un intérêt scientifique vis-à-vis des traitements potentiels pour réajuster les retards de phase chez les personnes ayant un TAS, en ayant recours à de la luminothérapie, ce sur quoi nous reviendrons par la suite.

probiotics Les effets de la biochimie hormonale

Des troubles dans la biochimie de la mélatonine et des catécholamines pourraient également jouer un rôle important dans le développement du TAS.

La mélatonine est une hormone produite par la glande pinéale en réponse à l’obscurité. Elle est impliquée dans la régulation du rythme circadien et les cycles du sommeil. Plusieurs études qui se sont intéressées à l’implication de la mélatonine dans le TAS tirent des conclusions incohérentes. Deux études n’ont pas relevé de différences notables entre les patients avec un TAS et les contrôles ; en revanche, une autre étude a rapporté des niveaux de mélatonine diurne plus élevés chez les patients avec un TAS pendant des périodes dépressives (p < 0,05). 12,13,14 Des recherches plus approfondies sont nécessaires afin de mieux comprendre son rôle dans cette pathologie.

La sérotonine est une indoléamine qui a plusieurs actions concernant notamment l’humeur, la mémoire et le comportement. Son rôle dans la dépression a été étudié de manière approfondie et son implication dans le TAS reste donc plausible. L’administration d’un antagoniste de la sérotonine, de la méta chlorophénylpipérazine est associée à une augmentation significative de la sensation d’euphorie chez les patients avec un TAS, en comparaison aux contrôles, dans plusieurs études. ,  D’autres recherches ont démontré que chez les personnes avec un TAS, la protéine SERT était 5 % plus abondante (n = 15, p = 0,01). Cette protéine contribue au transport de sérotonine liée à des protéines et des niveaux plus élevés de cette protéine peuvent donc entrainer une baisse de l’activité de la sérotonine, ce qui pourrait expliquer les baisses d’humeur et la dépression.

Le tryptophane, précurseur de la sérotonine et d’autres catécholamines , a également été étudié. Dans le cadre d’une étude, des patients avec un diagnostic de TAS et en rémission ont suivi un protocole visant à épuiser leurs réserves de tryptophane. Il a été constaté qu’en cas d’appauvrissement de cet acide aminé, les symptômes dépressifs réapparaissent de manière temporaire, tandis qu’aucun changement d’humeur n’avait été observé dans les contrôles (n = 13, p < 0,001). 18

probiotics La théorie de la vitamine du soleil

Un autre facteur et contributeur plausible du TAS est le niveau de vitamine D. Des niveaux faibles de vitamine D sont constamment corrélés à une dépression majeure, même si la direction de cette causalité n’est pour le moment pas entièrement comprise. Cela pourrait être important dans le cas du TAS car beaucoup de gens vivant à des latitudes septentrionales ont des niveaux de vitamine D insuffisants pendant la période hivernale. Cela s’explique par le fait que l’exposition à la lumière du soleil est réduite, alors que cela est nécessaire pour synthétiser la vitamine D. Il n’y a pas encore eu d’étude à grande échelle sur ce lien direct et cela pourrait nous permettre de mieux comprendre le rôle de la vitamine D dans cette pathologie.

Vous devez à présent comprendre toutes ces théories et ces potentiels contributeurs du TAS. Il est probable que plusieurs ou l’ensemble de ces facteurs interagissent ensemble de manière complexe et il est important de les comprendre car ils nous fournissent une base à partir de laquelle nous pouvons comprendre quels traitements sont utilisés et pourquoi.

Traitements naturopathiques et prévention Luminothérapie

La thérapie par lumière vive est utilisée depuis plus de 30 ans et a fait l’objet de nombreux essais, même si la majorité de ces essais étaient de taille réduite ou moyenne. Cette thérapie nécessite d’exposer la rétine à de la lumière après le réveil, afin d’aider à corriger d’éventuels retards de phase. Cela implique généralement de la lumière artificielle, avec une lampe à spectre complet à 10 000 lux pendant 30–90 minutes. Il est ressorti d’une méta-analyse que la thérapie par lumière vive améliorait nettement les scores de dépression des patients avec un TAS, en comparaison avec un placebo (n = 610, p < 0,05). Une autre méta-analyse s’est intéressée au rôle de la luminothérapie dans la prévention du TAS chez des patients avec des antécédents de forte dépression récurrente pendant l’automne ou l’hiver. Il a été constaté que la thérapie avec de la lumière blanche (n = 23, IC 95 % 0,3 à 1.38) tout comme celle avec de la lumière infra-rouge (n = 24, IC 95 % 0,50 à 3,28) avait réduit l’incidence du TAS en comparaison avec des sujets n’ayant pas bénéficié de luminothérapie. Cependant, les auteurs se sont montrés hésitants quant à la signification des résultats, en raison d’un risque important de partialité dans ces études et de vastes intervalles de confiance. Même si des études de plus grande échelle sont requises, la recherche actuelle suggère que la luminothérapie peut être un outil très appréciable dans le traitement et la prévention du TAS car elle offre une alternative peu onéreuse avec très peu d’effets indésirables.

probiotics Suivi psychologique

Le suivi psychologique a également été étudié comme un traitement potentiel pour cette pathologie. Un essai a étudié de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) avec de la luminothérapie comme contrôle (n = 177). Les deux traitements avaient nettement amélioré les scores de dépression des patients pendant leurs périodes dépressives (p < 0,0001) et aucune différence significative n’a été observée entre les deux groupes de traitement (p = 0,96). 22 D’autre part, il a été constaté que la TCC et la luminothérapie produisaient des taux de rémission similaires et pourraient être aussi efficaces l’une que l’autre pour aider ces patients. Même si le coût peut être plus élevé, cela offre une autre modalité de traitement pour cette pathologie.

probiotics Activité physique

Une autre recommandation de traitement possible est de faire de l’activité physique ; cette recommandation s’applique également à de nombreux autres troubles de l’humeur et notamment aux dépressions sévères. Le mécanisme d’action n’a pas été entièrement déterminé, mais cela produit certainement des effets multiples, notamment par la libération de neurotransmetteurs et d’endorphines. Il est apparu lors d’un examen que les améliorations des scores dépressifs des patients avec un TAS se répétaient à travers les divers essais étudiant l’exercice en tant que traitement. 23 La majorité des essais ayant étudié ce traitement duraient une à huit semaines et impliquaient des exercices d’aérobie. Aucun consensus n’a été établi en ce qui concerne le type et la durée des exercices requis pour un traitement optimal en raison du manque d’essais à ce sujet ; cependant, l’ajout d’une activité physique, sous quelque forme que ce soit, pourrait avoir un effet bénéfique sur les symptômes du TAS pendant les périodes de dépression.

Alimentation

Quelques études ont été menées sur le rôle de l’alimentation dans le TAS. Dans un examen, il a été démontré que le végétarisme et l’alcoolisme étaient associés à des taux plus élevés de TAS. 24 Nous ne disposons actuellement d’aucunes données permettant de déterminer quelles interventions diététiques pourraient aider à traiter le TAS, mais cela nous permet de savoir quels objectifs diététiques généraux peuvent être utilisés, par exemple réduire sa consommation d’alcool et inclure plus d’aliments riches en protéines.

Supplémentation

Plusieurs nutraceutiques ont été étudiés, essentiellement pour leur capacité à soutenir les neurotransmetteurs et les catécholamines. Des recherches plus approfondies sont toutefois nécessaires.

Une étude a été menée afin de comparer l’administration de tryptophane à la luminothérapie, à l’aide d’un modèle à mesures répétées (n = 13). La luminothérapie (p = 0,012) tout comme la supplémentation en tryptophane (p = 0,014, avait amélioré les symptômes, sans différence notable entre les deux traitements en termes d’efficacité. 25 Cette étude était cependant très petite et, par conséquent, les résultats devraient être interprétés avec précaution.

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Hypericum perforatum, également appelé millepertuis, a fait l’objet d’études en tant que traitement potentiel pour le TAS, en combinaison avec de la luminothérapie. Dans un essai contrôlé en double aveugle, 900 mg / j de millepertuis ont été administrés et combinés soit à de la luminothérapie (n = 20) avec de la lumière vive (3 000 lux) ou tamisée (< 300 lux) pendant 2 heures par jour sur une période de 4 semaines. Une amélioration significative des symptômes du TAS a été constatée dans les deux groupes (p < 0,001), sans différence entre les deux groupes. 26

La vitamine D est un autre nutraceutique qui a été étudié en raison de son rôle potentiel dans la dépression. Un essai contrôlé randomisé a comparé une supplémentation en vitamine D à de la luminothérapie (n = 15). Il a été constaté qu’après un mois de traitement, les résultats des patients s’étaient améliorés dans le groupe vitamine D (p = 0,05) mais pas dans le groupe luminothérapie. 27 Cela était également corrélé avec une augmentation des niveaux sanguins de vitamine D, ce qui en fait une option de traitement potentielle.

D’autres suppléments ont été étudiés sans aboutir sur des conclusions significatives, notamment la vitamine B12 et le Ginkgo biloba.28,29,30

D’autre part, comme mentionné précédemment, la pharmacothérapie est une option dans les juridictions où les naturopathes sont autorisés à faire des prescriptions. La fluoxétine a notamment fait l’objet d’un certain nombre d’études, afin de déterminer sa capacité à améliorer les résultats des patients. 31

De manière générale, le TAS est une pathologie complexe avec des facteurs multiples influençant sa pathophysiologie. Plusieurs options de traitement ont été étudiées afin de traiter ce trouble. Actuellement, la luminothérapie est celle qui dispose du plus grand nombre de preuves attestant de son efficacité, mais l’exercice physique et le suivi psychologique fournissent d’autres options de traitement pour les patients souffrant de cette pathologie. La vitamine D est actuellement le seul nutraceutique ayant fait l’objet d’études pour prouver son efficacité, mais il est absolument nécessaire de faire davantage de recherche avec des essais de qualité et à grande échelle, afin de mieux étudier les effets d’autres suppléments et plantes sur les symptômes du TAS.