Étude de cas : remédier efficacement à la fatigue en impliquant le patient

En médecine naturopathique, l’éducation est un élément fondamental. En fait, l’un des principes de base de la médecine naturopathique est de « soigner en enseignant ».¹ À travers ce principe, on comprend comment la médecine naturopathique peut impliquer efficacement le patient dans le processus de guérison. Le naturopathe fournit simplement les outils, les informations et les ressources dont chaque patient a besoin pour guérir. C’est un de mes aspects préférés de la médecine naturopathique. Il est d’ailleurs très satisfaisant de voir des patients s’impliquer entièrement dans tout ce qui concerne leur santé lorsqu’on leur apporte le soutien et les ressources dont ils ont besoin pour s’y retrouver. Le cas suivant illustre parfaitement comment la médecine naturopathique soutient la guérison.

Présentation d’Annie

La première fois que j’ai rencontré Annie, âgée de 26 ans, elle était fatiguée. Elle m’a expliqué qu’elle vomissait tous les matins depuis trois mois, n’avait aucune énergie, peu importe la durée de son sommeil, qu’elle ressentait de la frustration, était physiquement et émotionnellement épuisée, et se sentait désemparée.

Annie avait travaillé dans un établissement de soins de longue durée en tant que récréothérapeute, mais avec la pandémie de COVID-19, le manque de personnel et le sentiment d’être vraiment surmenée, elle avait décidé qu’il était temps de changer de carrière. Elle venait de commencer un nouveau métier qu’elle pouvait exercer en restant chez elle.

En discutant plus longuement avec elle, j’ai appris qu’Annie faisait du sport de compétition à l’adolescence, voyait un chiropraticien depuis l’âge de 15 ans pour des maux et des douleurs variés, et avait été confrontée à un certain niveau de stress à l’université. Elle m’a parlé des rhumes, grippes et infections qu’elle contractait fréquemment, surtout en automne et en hiver. Elle m’a également parlé d’une année pendant ses études où elle avait eu huit angines à streptocoques. Elle m’a parlé de ses migraines et de ses maux de tête récurrents, et de tout ce que cela l’empêchait de faire. Elle m’a également expliqué à quel point ses cycles menstruels l’affectaient et qu’elle prenait régulièrement un contraceptif oral combiné. Elle était inquiète d’avoir autant de problèmes chroniques à un si jeune âge et ses principaux objectifs étaient de retrouver de l’énergie, de remédier à ses maux de têtes et à ses migraines, et de trouver des solutions pour se déconnecter de son travail.

Évaluation et premières étapes

Avec Annie, nous avons commencé lentement. Nous avons commencé par établir un diagnostic de la situation. Du point de vue de la médecine chinoise traditionnelle, il apparaissait clairement qu’elle présentait des signes de carence en qi de la rate, probablement due à ses hauts niveaux de stress. Je lui ai expliqué comment une bonne digestion contribuait à une nutrition optimale et comment une nutrition insuffisante pouvait affecter ses niveaux d’énergie, mais aussi son système immunitaire.

Nous avons décidé de commencer un journal alimentaire pendant une semaine. Annie prenait déjà de la vitamine D parce qu’elle savait qu’il était important d’en prendre en hiver. Je lui ai conseillé de continuer, surtout pendant la saison hivernale, et je lui ai expliqué l’importance de cette supplémentation pour éviter une carence en vitamine D, en particulier pendant les périodes où nous passons plus de temps à l’intérieur et où nous sommes moins exposés au soleil.

First Follow-up

After 2 weeks, I had a virtual follow-up appointment with Annie. After our last visit she had gotten a cold. Her energy was lower than 2 weeks ago and I could hear her cough that seemed to come from her chest throughout our visit. She had gone for a chest x-ray at the recommendation of her family doctor and reported that her left lung was collapsed and she was now taking an inhaler that her family doctor had prescribed. She was also taking iron as prescribed by her family doctor for her iron-deficient anemia. This time, we decided to make some significant changes together. We talked about the connection between digestion and immune health and talked about some high-nutrient soups she could have while she was sick. We talked about eating warm, cooked foods, warming teas and spices, and we talked about avoiding cold raw foods, excess sugar, and dairy.

Première consultation de suivi

Au bout de deux semaines, j’ai eu une téléconsultation de suivi avec Annie. Après notre premier rendez-vous, elle avait attrapé un rhume. Ses niveaux d’énergie avaient diminué et j’ai pu entendre sa toux qui semblait provenir de sa poitrine tout au long de la consultation. Elle avait fait une radio des poumons sur recommandation de son médecin de famille et il était apparu que son poumon gauche s’était affaissé, et elle utilisait actuellement un inhalateur prescrit par son médecin de famille. Elle prenait également du fer, prescrit par son médecin de famille pour son anémie ferriprive.

Cette fois-ci, nous avons décidé ensemble de faire des changements importants. Nous avons parlé du lien entre la digestion et la santé immunitaire, et de quelques soupes très riches en nutriments qu’elle pouvait consommer pendant qu’elle était malade. Nous avons parlé du fait de manger des plats chauds, des aliments cuits, mais aussi d’épices et de tisanes qui réchauffent ; et nous avons parlé des aliments crus et froids, des excès de sucre et de produits laitiers qu’il fallait éviter.

Deux mois plus tard

Lors de notre téléconsultation de suivi deux semaines plus tard, Annie allait beaucoup mieux. Son rhume était passé et ses niveaux d’énergie s’étaient nettement améliorés. Elle avait éliminé les produits laitiers de son alimentation et avait remplacé les sodas et les jus par de l’eau. Elle m’a fait remarquer que cela tombait au bon moment car elle pratiquait le Carême (une tradition de jeûne catholique). Elle avait encore un peu de nausées, mais elle avait remarqué que cela se produisait lorsqu’elle était confrontée à une contrariété émotionnelle. Elle m’a également fait savoir qu’elle avait arrêté de prendre la pilule contraceptive sur recommandation de son médecin de famille, à cause des migraines chroniques et du fait qu’un usage à long terme lui faisait courir un risque plus élevé d’avoir un caillot sanguin ou un AVC.³

Nous avons évoqué quelques stratégies pour l’aider à gérer le stress et les contrariétés émotionnelles, et Annie a eu l’idée d’intégrer du yoga en extérieur à sa routine quotidienne. Nous avons déterminé que l’élimination des produits laitiers et le remplacement des boissons sucrées par de l’eau tiède citronnée fonctionnait bien, et qu’il était donc préférable de continuer. Nous avons également continué la supplémentation en vitamine D. Après avoir examiné son bilan sanguin ensemble, nous avons également décidé d’ajouter de la vitamine B12 et du zinc. Nous avons parlé de méthodes de contraception alternatives et elle a commencé à tenir un journal de son cycle menstruel, tout en faisant des recherches sur d’autres options de contraception, en préparation pour sa consultation avec un gynécologue.

Suivi au bout de deux mois

Deux mois plus tard, lors notre rendez-vous de suivi, Annie était enchantée de me dire à quel point elle avait retrouvé de l’énergie. Elle semblait d’ailleurs plus animée et plus énergique pendant notre téléconsultation. Elle m’a fait savoir qu’elle avait plus d’énergie tout au long de la journée et arrivait à rester éveillée jusqu’à 10h du soir, ce qui était deux heures de plus que ce qu’elle était capable de faire avant. Ses maux de têtes étaient désormais très rares et elle n’avait pas eu de vomissements depuis notre dernière consultation. Elle avait commencé à incorporer des pauses d’étirement et des sorties à l’extérieur dans sa routine quotidienne. Elle s’était également rendu compte qu’elle se laissait affecter par les problèmes émotionnels des personnes qui l’entouraient et commençait à réaliser que ces problèmes n’étaient pas les siens. Elle avait également commencé à faire des jeux de mots cachés pendant ses pauses, ce qui lui plaisait beaucoup.

Nous avons célébré les progrès d’Annie ensemble et avons discuté du fait qu’il était important de garder les nouvelles habitudes qui lui semblaient vraiment bénéfiques. Nous avons également discuté des légumes verts et qu’il serait bénéfique d’en consommer davantage, pour apporter du soutien à son foie et à son équilibre hormonal, mais également de continuer à boire de l’eau tiède citronnée le matin.

Suivi au bout de trois mois

Lors de notre consultation de suivi de trois mois, Annie m’a indiqué que ses maux de tête étaient revenus après un mois émotionnellement intense, en raison du décès de sa grand-mère et de sa tante. Malgré les difficultés rencontrées au cours de ce mois, Annie se portait assez bien. Elle m’a redit qu’elle avait nettement plus d’énergie qu’au début de notre travail et qu’elle était très enthousiaste à l’idée de poursuivre les changements entrepris au cours des trois derniers mois.

Suivi au bout de six mois

Nous avons continué à nous voir tous les mois et, au bout de six mois après notre première consultation, Annie allait beaucoup mieux. Elle était toujours satisfaite de ses niveaux d’énergie tout au long de la journée et m’a fait savoir que ses amis, et sa famille, avaient remarqué la différence. Elle ne s’était pas remise à consommer des produits laitiers, car elle se sentait mieux sans, et faisait preuve de plus en plus de créativité avec ses repas et ses collations. Elle était ravie de faire savoir à quel point sa famille l’avait soutenue dans ses changements du quotidien et qu’elle était à présent disposée à se focaliser sur sa santé menstruelle. Depuis qu’elle avait arrêté de prendre la pilule, environ six mois plus tôt, elle était devenue plus attentive à son cycle menstruel et avait commencé à surveiller sa température, basale afin de mieux comprendre son cycle et de s’organiser en conséquence.

Nous nous sommes mises d’accord pour continuer à nous voir une fois par mois, car Annie était très satisfaite des progrès qu’elle constatait chaque mois et nous avons décidé de nous réorienter sur la santé immunitaire pour les prochaines mois, en préparation pour l’arrivée de l’automne.

Suivi au bout d’un an

et dans son alimentation, et nous avons toutes les deux eu le plaisir de constater les améliorations profondes produites par ces changements. Quand je l’avais rencontrée un an plus tôt, Annie était fatiguée, avait des nausées et se sentait abattue. Aujourd’hui, Annie a plein d’énergie pour tenir toute la journée. Elle comprend désormais comment certains aliments affectent son corps et comment manger de façon à se sentir mieux. Elle a appris à établir des limites de façon à être disponible pour elle-même et pour les personnes qui l’entourent. Elle a créé un environnement de travail qui l’aide à être plus productive sans se surmener. Elle est plus attentive à son corps, a appris des techniques et a accumulé des ressources qui l’aident à se sentir aussi bien que possible. Elle a également appris où et comment demander de l’aide quand elle a des questions, est confrontée à des difficultés ou lorsqu’une situation commence à devenir trop pesante.

Et la suite ?

J’ai été honorée de contribuer au processus de guérison d’Annie et de voir sa santé s’améliorer au fur et à mesure des changements consciencieux qu’elle a mis en place grâce aux nouvelles informations qu’elle avait reçues. Annie a désormais une approche bien différente en ce qui concerne sa santé et a bien l’intention de continuer à prendre soin d’elle-même et à trouver des solutions si de nouveaux problèmes se présentent. J’ai hâte de voir quelle sera la prochaine étape de son parcours.