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Le jeûne Une explication scientifique

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Le jeûne existe depuis des générations, dans le cadre de pratiques culturelles et spirituelles. Aujourd’hui, on l’utilise pour maintenir sa ligne, mais aussi pour traiter et prévenir des maladies. Les humains sont métaboliquement flexibles. Nous sommes capables de changer la source d’énergie que nous utilisons pour alimenter nos cellules en fonction des sources disponibles. À terme, c’est de la production de corps cétoniques que résultent les capacités de guérison, la prévention de maladies et la longévité accrue induites par un jeûne.

 

Qu’est-ce qu’un jeûne ?

 

Le jeûne, tel qu’on le pratique aujourd’hui, consiste à s’abstenir de nourriture et de la plupart des boissons pendant une durée variable, selon l’objectif visé. Il existe de nombreuses pratiques de jeûne. Certaines préconisent un seul repas par jour, d’autres limitent la consommation de nourriture à 8 heures par jour ou réduisent les calories pendant deux jours par semaine, ou encore 24 heures de jeûne par semaine. Ces processus sont ce qu’on appelle un jeûne intermittent. Bien que chaque méthode soit différente, les bienfaits sont identiques. Le jeûne peut également s’appliquer à la consommation d’eau pendant une durée prolongée, on parle alors de jeûne sec. Ce type de jeûne procure au corps des effets thérapeutiques supérieurs et durables, notamment pour de nombreuses affections communes comme l’hypertension (forte tension artérielle), l’hypercholestérolémie (cholestérol élevé), le diabète, l’arthrite, le lupus, les fibromes, les douleurs chroniques et l’asthme.

 

Nos corps peuvent être dans deux états : l’état nourri, lorsque nous mettons notre énergie en réserve ; et l’état à jeun, dans lequel nous brûlons l’énergie. L’état nourri correspond au moment où nous mangeons et stockons activement la nourriture. Dans cet état, nous brûlons le glucose que nous avons acquis en mangeant pour en faire de l’énergie et nous utilisons le surplus pour faire des réserves dans le foie, et les muscles, sous la forme de glycogène. L’état à jeun commence lorsque nous arrêtons de consommer des calories. Au début, le corps passe par un processus de création de glucose à partir du glycogène puis, une fois que les réserves sont épuisées, il transforme les graisses en corps cétoniques.

 

plateQu’est-ce que le glycogène ?

 

Le glycogène est la forme que prend le glucose lorsqu’il est stocké dans le corps. Les réserves se trouvent dans les muscles et dans le foie, et sont utilisées lorsqu’il n’y a plus de glucose. Nous disposons tous d’environ 24 heures de glucose, qui provient des habitudes alimentaires quotidiennes auxquelles nous sommes accoutumés. Lorsqu’on entreprend un jeûne, le ravitaillement en glucose n’a pas lieu et le corps commence à utiliser le glycogène pour en faire de l’énergie. Le corps passe de l’état nourri à l’état à jeun. Le processus de décomposition du glycogène, afin de l’utiliser, s’appelle la glycogenèse. À partir de là, la décomposition du glucose se poursuit pour aboutir sur une molécule appelée pyruvate, qui est utilisée dans un processus appelé le cycle de Krebs ou le cycle de l’acide citrique (CAC), qui a lieu dans l’organite de production énergétique de chaque cellule, c’est à dire, dans la mitochondrie. Cette série de réactions biochimiques transforme le pyruvate en adénosine-triphosphate (ATP), la monnaie d’échange énergétique des cellules. L’ATP fournit une source d’énergie indispensable aux milliards de réactions biochimiques qui se produisent dans chaque cellule, à chaque seconde. L’ATP est constamment générée et consommée dans le cadre d’un processus continu, tant qu’une cellule est vivante. Nos besoins en énergie sont constants. Après 48h pour les femmes et 72h pour les hommes, toutes les réserves de glycogène ont été converties en glucose et le corps change à nouveau de source pour produire de l’énergie.

 

KetoLa cétose

 

C’est la dernière source d’énergie que le corps peut utiliser pendant un jeûne. Ce processus correspond à la décomposition de graisses en corps cétoniques, afin qu’ils puissent entrer dans le cycle de Krebs et être transformés en énergie pour les cellules. La décomposition des graisses ou des triglycérides se produit dans le foie. Les corps cétoniques entrent ensuite dans le système sanguin où ils vont être récupérés par d’autres organes et tissus musculaires. La cétolisation correspond à la conversion de corps cétoniques en énergie et se produit également dans la mitochondrie des cellules humaines. Ce processus de décomposition des corps cétoniques s’appelle bêta-oxydation.

 

Les corps cétoniques sont particulièrement importants pour le cerveau, qui ne peut pas utiliser d’acides gras comme source d’énergie lorsque la glycémie est compromise. Les corps cétoniques fournissent au cerveau une source d’énergie alternative, qui représente près de 2/3 des besoins énergétiques du cerveau pendant des périodes de jeûne et de privation prolongées. Le sang contient toujours des corps cétoniques et leurs niveaux augmentent pendant un jeûne ou des efforts prolongés. Après une nuit de jeûne, les corps cétoniques couvrent 2-6 % des besoins énergétiques du corps, tandis qu’ils couvrent 30-40 % de ces besoins après un jeûne de 3 jours. Chez des adultes en bonne santé, le foie peut produire jusqu’à 185 g de corps cétoniques par jour. Lorsque les corps cétoniques s’accumulent dans le sang au fil du jeûne, ils finissent par être évacués dans l’urine. La présence d’une quantité importante de corps cétoniques dans le sang est ce qu’on appelle la cétose. Grâce à leur présence et leur concentration dans l’urine, la cétose est particulièrement facile à tester en utilisant des bandelettes de test d’urine pour détecter les corps cétoniques.

 

Le foie génère 3 types de corps cétoniques à partir des graisses. Il s’agit de : bêta-hydroxybutyrate (BHB) (78 %) qui n’a pas réellement la structure d’un corps cétonique, d’acétoacétate (20 %) et d’acétone (2 %). Les bienfaits d’un jeûne sont principalement dus au BHB et à l’acétoacétate qui peuvent être convertis en acétyl-CoA et utilisés dans le cycle de Krebs pour produire de l’ATP. Quant à l’acétone, elle ne peut être convertie en acétyl-CoA et sera évacuée du corps par les poumons (1).

 

 

Pourquoi l’énergie des corps cétoniques est-elle si efficace ?

 

Comme cela a été mentionné précédemment, chaque cellule a besoin d’énergie pour fonctionner. Les cellules sont des éléments constituants des tissus, et les tissus, des éléments constituants des organes, comme par exemple nos organes internes (foie, reins, cœur, cerveau) mais aussi externes, comme la peau et d’autres tissus tels que les os, le tissu conjonctif et les cheveux. Chacun de ces organes, ainsi que leurs cellules, ont besoin d’énergie pour fonctionner. Cette énergie peut être produite par du glucose ou des corps cétoniques dans la mitochondrie. Mais pour que chaque molécule soit prête pour le cycle de Krebs mitochondrial, elles doivent être décomposées, afin que leur taille et leur structure leur permette de rentrer dans le cycle, et c’est là que les corps cétoniques ont un avantage. Chaque source d’énergie doit être transformée en acétyl-CoA pour rentrer dans le cycle de Krebs. La transformation d’un corps cétonique en acétyl-CoA se fait en 3 étapes, tandis que pour le glucose, cela se fait en 10 étapes. La rupture de liaisons chimiques nécessite de l’énergie. Moins il y a de liaisons à rompre, plus il est facile d’extraire et d’obtenir de l’énergie. Étant donné que leur décomposition nécessite moins d’énergie, les corps cétoniques sont plus facilement et plus rapidement convertis en ATP que le glucose. L’utilisation de corps cétoniques pour les besoins énergétiques du corps est donc moins coûteuse énergétiquement et plus efficace que le glucose.

 

Les avantages de la cétose

 

Après 12 heures de jeûne, les niveaux de BHB montent au-dessus de 0,6 mmol/L. Pendant une cétose nutritionnelle ou un régime cétogène, les niveaux de BHB peuvent atteindre 0,6 - < 3 mmol/L. Le métabolisme du BHB par le corps active l’autophagie, c’est à dire le nettoyage des anciennes cellules. L’apoptose, également appelée la mort cellulaire, est un processus naturel qui se produit dans chaque cellule à la fin du cycle de la cellule. L’élimination des anciennes cellules dans le corps a un impact positif sur la longévité et la durée de vie. Le fait de ne conserver que les cellules qui fonctionnent de façon optimale dans le corps et d’éliminer les anciennes cellules qui fonctionnent moins bien, participe au bon fonctionnement des tissus et des organes, et améliore la santé globale. Après un jeûne sec de 3 jours, tous les globules blancs du corps ont été détruits et remplacés par des nouveaux. C’est une amélioration considérable pour le système immunitaire.

 

La barrière hémato-encéphalique sert à préserver, nourrir et maintenir le délicat tissu cérébral en bonne santé. Pendant une cétose, cette barrière dispose de capacités renforcées pour préserver les cellules cérébrales, qu’on appelle les neurones, ainsi que leurs connexions synaptiques. De ce fait, le cerveau bénéficie d’une amélioration de ses fonctions cognitives, de sa résistance au stress et d’une réduction des inflammations, grâce à la réduction des radicaux libres et de leurs effets néfastes. Pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, cela se manifeste par une diminution des symptômes. L’utilisation de BHB améliore les facultés cognitives des personnes atteintes de démence, des maladies de Parkinson et d’Alzheimer. Chez les enfants atteints d’épilepsie, on observe une diminution des symptômes et une amélioration de l’activité cérébrale. En ce qui concerne le cœur, on observe une baisse du rythme cardiaque et de la pression artérielle, ainsi qu’une augmentation de la résistance au stress. Les cellules adipeuses (graisse) sont moins nombreuses car elles sont consommées pour en faire de l’énergie. Dans les cellules musculaires, on constate une amélioration de la résistance à l’insuline, une plus grande efficacité et une réduction des inflammations. Il y a également une réduction des médiateurs inflammatoires et de l’hormone leptine. Le foie augmente la sensibilité à l’insuline, sa production de corps cétoniques et a moins de médiateurs inflammatoires. Les intestins consomment moins d’énergie, présentent moins d’inflammation et sont soumis à une importante prolifération cellulaire ou une régénération des tissus (2).

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Pendant des efforts physiques, le BHB aide à réduire le stress oxydatif et améliore les capacités de récupération. En réduisant le stress oxydatif, il protège le cerveau et le système cardiovasculaire pendant l’effort. Le BHB aide à empêcher la détérioration osseuse. Il peut ralentir la croissance de tumeurs cérébrales et arrêter la propagation de tumeurs métastatiques. Le jeûne peut tuer le cancer du pancréas et réduire une cachexie (perte musculaire) chez des patients ayant atteint un stade avancé du cancer. Le jeûne peut ralentir la croissance de neuroblastomes (cancer dans les tissus nerveux) (3). La consommation de corps cétoniques présente des propriétés remarquables pour prévenir le développement d’autres maladies comme des démences, de la dépression, des troubles de l’humeur et le cancer du sein (4).

 

D’un point de vue plus technique, le jeûne bloque l’inflammation via NLRP3, empêchant ainsi le développement de : neuro-inflammation, cancer, résistance à l’insuline, maladies osseuses, maladie d’Alzheimer, syndrome métabolique et diabète de type 2 (5).

 

La résistance à l’insuline et le diabète de type 2 peuvent être guéris et évités grâce au jeûne, car cela réduit l’insuline dans les cellules et augmente ainsi la sensibilité des cellules à l’insuline lorsque celle-ci est de retour. Augmenter la sensibilité à l’insuline des cellules signifie que les quantités de glucose dans le sang nécessaires pour répondre aux besoins énergétiques des cellules sont moins importantes, car la détection et la mise à jour des niveaux est plus efficace. En cas de résistance à l’insuline, les récepteurs ont été dégradés (éliminés) car il y a une surabondance du glucose dans le sang. De ce fait, les cellules ne parviennent pas à satisfaire leurs besoins glycémiques avec les mêmes niveaux de glucose et ont besoin de quantités plus importantes pour obtenir les mêmes effets, ce qui les amène souvent à dépasser les limites maximales tolérables de concentration de glucose dans le sang. La résistance à l’insuline engendre des inflammations excessives et des lésions tissulaires à long terme ou peuvent déclencher des formes graves de crises diabétiques et de coma[PD1] . Maintenir la sensibilité à l’insuline de nos cellules permet de prévenir le développement d’un diabète de type 2.

 

Le jeûne existe depuis la nuit des temps. Les propriétés remarquables du jeûne sec sont dues à la flexibilité métabolique de nos corps qui sont capables de passer d’une source d’énergie à une autre. Les corps cétoniques procurent d’innombrables bienfaits aux multiples organes du corps en termes de prévention et de traitement de maladies. Le jeûne réduit les processus négatifs dans le corps et produit des effets positifs sur notre longévité, et notre qualité de vie dans son ensemble.

 

References:

 

1. https://www.diapedia.org/metabolism-and-hormones/51040851169/ketone-body-metabolism

2. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2367001/

3. https://stm.sciencemag.org/content/4/124/124ra27.short

4. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4982776/

5. https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT02122575

 

 

 

 

 


 [PD1]Coma misspelt in ENG (comma instead of coma)