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La cystite interstitielle - Point de vue naturopathique

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La cystite interstitielle - Point de vue naturopathique

by Samantha Bell, ND










Introduction Ketogenic Diet

La cystite interstitielle (CI), aussi appelée syndrome de la vessie douloureuse, se traduit par une réduction de la capacité de la vessie, des mictions fréquentes et douloureuses, et peut le cas échéant s’accompagner de la présence de sang dans les urines (visible à l’œil nu ou détectable à l’analyse). Pour la recherche, c’est avant tout l’inflammation de la paroi de la vessie qui est à l’origine des symptômes. À l’examen, les personnes souffrant de CI ne présentent souvent pas de signes physiologiques, en dehors d’une éventuelle sensibilité diffuse sus-pubienne (dans la région de l’abdomen située juste au-dessus de l’os pubien). L’analyse d’urine est généralement négative, mais peut révéler quelques traces de sang dans l’urine [1].

La cystite interstitielle est définie par l’Association urologique américaine (AUA) de la façon suivante : « Une sensation désagréable (douleur, pression, gêne) perçue en relation avec la vessie et associée à des symptômes localisés dans les voies urinaires inférieures, depuis au moins six semaines, en l’absence d’infection ou d’autres causes identifiables » [2].

La cystite interstitielle concerne aussi bien les hommes que les femmes, mais ce sont surtout celles-ci qui en sont atteintes. Il est intéressant de noter que les symptômes de la CI ont tendance à empirer quelques jours avant le début des règles, contrairement à l’endométriose, dans laquelle les symptômes sont plus marqués pendant les règles [2].

Les caractéristiques de la CI

La cystite interstitielle se traduit généralement par une combinaison de symptômes : douleurs, augmentation de la fréquence et de l’urgence des mictions, nycturie (besoin d’uriner la nuit). La douleur pelvienne est un symptôme caractéristique de la CI [2].

Dans les cas de CI légère ou à un stade précoce, la douleur pelvienne peut ne pas être identifiée comme telle, mais sera plutôt décrite comme une sensation de pression ou de brûlure, aigüe ou diffuse, ou une gêne générale liée au besoin d’uriner. Ces sensations sont généralement ressenties dans la région sus-pubienne et peuvent résonner ou rayonner dans la région pelvienne inférieure, comprenant l’urètre, le vagin, les lèvres, la région inguinale, le périnée, le bas-ventre ou le dos. Les personnes atteintes de CI ont en général besoin d’uriner souvent pour soulager la douleur, ce qui peut être provisoirement efficace [2].

Une évaluation chiffrée des symptômes est utile chez les patients atteints de CI pour suivre toute amélioration ou aggravation en lien avec le traitement. L’Indice des symptômes et troubles O’Leary-Sant se concentre plus particulièrement sur les symptômes au cours du dernier mois, notamment l’urgence et la fréquence des mictions, la nycturie et la douleur. Les symptômes les plus couramment observés sont les douleurs à la vessie, un besoin persistant d’uriner et une fréquence élevée des mictions [2].

Une cystoscopie peut être recommandée si l’on soupçonne une CI, dans la mesure où elle permet d’identifier un ulcère de Hunner, observé dans certains cas de CI. Mais la cystoscopie ne permet pas de confirmer un diagnostic de CI et n’est pas requise dans tous les cas. Seuls 16 % des patients souffrant de CI présentent un ulcère de Hunner identifiable [2].

Différences avec les infections urinaires chroniques et avec l’hyperactivité vésicale Les infections urinaires

La fréquence et l’urgence des mictions, la douleur au cours de la miction et la douleur sus-pubienne peuvent être liées aussi bien à une infection urinaire (IU) qu’à une cystite interstitielle. Une IU peut également entrainer de la fièvre et des douleurs abdominales (sur le haut, l’arrière ou les côtés de l’abdomen), rarement observées dans la CI. La pyurie, qui indique la présence de globules blancs (leucocytes) dans l’urine, témoigne généralement d’une infection du système urinaire, également rare dans la CI.

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Si l’on soupçonne une infection urinaire, une analyse d’urine peut être effectuée. La présence de sang sera alors éventuellement observée (à l’œil nu ou au microscope) et des cultures bactériennes seront souvent réalisées à partir de l’urine.

Même si les personnes souffrant de CI n’ont pas nécessairement d’IU au moment du diagnostic, beaucoup d’entre elles présentent des antécédents d’infections urinaires [2].

L’hyperactivité vésicale

Les patients présentant une hyperactivité vésicale ont tendance à uriner fréquemment pour soulager une sensation d’urgence et réduire le risque de fuites urinaires (incontinence). Les mêmes personnes peuvent présenter une nycturie, mais les symptômes ne consistent généralement pas en douleurs, qu’elles soient liées ou non aux mictions. Il est démontré que la cystite interstitielle peut coïncider avec l’hyperactivité vésicale, ce qu’il faut prendre en compte pour les cas de CI.

Les approches naturopathiques

Avant tout, il faut bien comprendre en quoi consistent les modifications de l’alimentation et du mode de vie qui peuvent aider à réduire la fréquence et la gravité d’une CI.

Pour diminuer la fréquence des mictions et limiter la gêne dans la région pelvienne, il est toujours possible de limiter l’absorption de liquide. Mais boire suffisamment d’eau permet de diluer les agents irritants et les toxines urinaires, et aide à purger la vessie, ce qui contribue à prévenir les infections urinaires [2]. Il convient d’inviter à une bonne hydratation, avec des liquides neutres et non irritants. Une hydratation suffisante peut aussi aider à réduire la constipation, qui est susceptible d’accentuer les symptômes de CI. Une personne souffrant de CI et de constipation peut avoir recours à une approche diététique, la consommation de fibres permettant par exemple d’amollir et de faciliter la formation des selles.

L’alimentation est également importante pour contrôler la CI. De nombreux aliments sont irritants pour la vessie, et leur suppression ou leur limitation peut être utile pour réduire la fréquence et la gravité des troubles urinaires. Voici quelques-uns de ces aliments irritants [2] :

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  • Boissons caféinées : café, thé (vert, noir ou blanc), boissons énergisantes ou pré-entrainement
  • Boissons gazeuses
  • Boissons alcoolisées
  • Agrumes ou produits à base d’agrumes (par ex. jus)
  • Tomates
  • Bananes
  • Édulcorants
  • Plats épicés

Un médecin naturopathe peut aider à identifier les aliments irritants en mettant en œuvre un régime d’élimination.

Les troubles sexuels sont également fréquents chez les personnes souffrant de CI, plusieurs stratégies d’autothérapie pouvant être bénéfiques, en plus de séances de kinésithérapie du plancher pelvien. On notera que les exercices « Kegel » (qui renforcent les muscles du plancher pelvien) ont tendance à aggraver les symptômes de la CI [3].

Un niveau élevé de stress a également été corrélé chez les personnes souffrant de CI à une augmentation de la douleur et de l’urgence à uriner. On peut améliorer la gestion du stress et du sommeil, importante pour contrôler les symptômes de CI, par le yoga, la méditation, l’acupuncture, la phytothérapie et par des changements de mode de vie. Il existe un scénario d’imagerie mentale dirigée pour les patients atteints de CI, validé par une étude pilote prospective randomisée contrôlée, utilisant l’imagerie mentale pour se concentrer sur l’état de la vessie, la relaxation des muscles du plancher pelvien et des nerfs concernés par la CI [4].

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Le département d’urologie de l’Université du Michigan a mis au point un Tableau des fréquences et volumes, qui permet de noter et de surveiller les liquides absorbés et l’urine excrétée. Ce tableau est utile aussi bien aux patients qu’à leur médecin (surtout s’il s’agit d’un urologue). Le tableau permet également de noter les fuites urinaires, les sensations de douleur ou de gêne, ainsi que le type de liquides absorbés [5].

Il existe aussi des techniques de contrôle de la vessie mises au point pour faire face à la CI. Elles nécessitent un certain engagement et une certaine motivation, et doivent être suivies régulièrement par un médecin. Le protocole comprend plusieurs techniques permettant de contrôler la vessie, de relaxer le plancher pelvien, de faire passer la sensation d’urgence, et de gérer la pression périnéale et la concentration mentale.

Un journal des mictions peut également être utile et instructif, que ce soit pour le médecin ou la personne souffrant de CI. Chez celle-ci, le volume moyen d’une miction est de 86 à 174 ml, contre 289 ml chez une personne sans CI. Un patient souffrant de cystite interstitielle peut uriner entre 17 et 25 fois par jour, pour seulement 6 fois par jour dans le cas normal [2].

Beaucoup de patients atteints de CI utilisent de la canneberge (Vaccinium macrocarpon) ou des compléments à base d’extrait de canneberge, qui peuvent contribuer à la fréquence et à la gravité des crises urinaires de la CI. Les personnes craignant les conséquences si elles cessent de prendre de la canneberge doivent être conscientes que celle-ci peut déclencher ces poussées urinaires.

Plusieurs produits de santé naturelle et de phytothérapie, utilisés sous la supervision d’un médecin naturopathe, peuvent aussi se révéler bénéfiques pour lutter contre la CI.

Le sulfate de chondroïtine

Les composants du sulfate de chondroïtine peuvent en théorie être utiles pour protéger les glycosaminoglycanes (ou mucopolysaccharides) à la surface muqueuse de la vessie, réduisant ainsi l’inflammation de ses parois [6].

La quercétine

La quercétine pourrait favoriser la stabilisation des mastocytes, et donc protéger la muqueuse vésicale en réduisant l’inflammation [7].

D’après une revue systématique portant sur 23 essais randomisés contrôlés, l’acupuncture pourrait également constituer un traitement utile et non invasif en complément d’autres approches thérapeutiques [8].

De nombreux traitements naturels et traditionnels peuvent présenter un intérêt pour lutter contre la cystite interstitielle (ou syndrome de la vessie douloureuse) avant d’avoir recours à des thérapies plus invasives. Le traitement de la cystite interstitielle est multifactoriel, les personnes concernées devant être sensibilisées et formées aux adaptations comportementales et alimentaires et à la gestion du stress. En plus d’accompagner ces modifications, un médecin naturopathe sera à même de prescrire des produits de santé naturelle et phytothérapiques, ainsi que des séances d’acupuncture.