Les approches nutritionnelles et comportementales de la cystite interstitielle Perspectives naturopathiques

La cystite interstitielle (CI) est un trouble à long terme de la vessie. La cause exacte de la CI n’est pas connue. La vessie sert à contenir l’urine qu’elle reçoit des reins. Elle peut être décrite comme un ballon fait de muscles, qui se gonfle pour recevoir une grande quantité d’urine, et se contracte pour l’expulser hors du corps par le canal de l’urètre. Les personnes atteintes de CI ont une vessie contractée et sensible, certaines pouvant développer de douloureux ulcères ou des plaies ouvertes au niveau de la vessie. Il arrive que la vessie se rétrécisse au point de ne pouvoir contenir que très peu d’urine, ce qui explique, chez ces personnes, un besoin plus fréquent d’uriner. La CI est plus courante chez les femmes que chez les hommes. Environ 90% des personnes atteintes sont des femmes ^{[ 1 ]}. L’affection touche surtout des adultes d’âge moyen, mais peut aussi survenir chez les enfants ou les personnes âgées.

On a constaté que certaines recommandations alimentaires permettaient de soulager les symptômes de la CI. Cet article va passer en revue quelques-uns des principaux aliments déclencheurs à éviter. Ces déclencheurs peuvent bien sûr différer suivant les personnes, mais nous allons examiner les données disponibles utiles au plus grand nombre de patients.

Symptômes et diagnostic

Il existe deux grandes catégories de symptômes de la CI. La première concerne le besoin d’uriner souvent. Certaines personnes urinent une douzaine de fois par jour, et doivent se relever la nuit pour uriner, ce qui peut être assez gênant si cela interfère avec les activités quotidiennes, notamment professionnelles, ou dans les lieux ne disposant pas de toilettes facilement accessibles. La deuxième catégorie de symptômes concerne la douleur, allant de légère à sévère. La douleur peut s’aggraver lorsque la vessie se remplit d’urine. Elle peut être ressentie dans la vessie, l’urètre, la zone située sous le nombril, le bas du dos ou, pour les femmes, autour du vagin. Les hommes peuvent aussi ressentir une douleur dans le scrotum et les organes génitaux. En d’autres termes, la douleur peut être localisée n’importe où dans la vessie et les tissus environnants. Elle peut être intermittente ou permanente, augmenter pendant les rapports sexuels, et certaines femmes la décrivent comme plus forte au moment de leurs règles ^{[ 2 ]}.

Si le besoin fréquent et urgent d’uriner, associé à la douleur, sont des symptômes courants, tout le monde ne présente pas nécessairement les deux. Certaines personnes peuvent avoir l’un ou l’autre symptôme, qui peut varier d’intensité. La douleur est un inconvénient majeur de la CI, dans la mesure où elle est directement associée avec ce qui est supposé être un fait banal, survenant plusieurs fois par jour. Cela peut entrainer des problèmes supplémentaires comme l’anxiété ou l’inquiétude à l’idée d’uriner, qui augmentent le stress. Il est important d’identifier les effets psychologiques de la CI dès qu’ils apparaissent, pour éviter qu’ils s’aggravent et dégénèrent. Le stress, par exemple, peut accentuer la perception de la douleur. Une personne atteinte de CI peut donc ressentir une douleur initiale, être stressée à ce sujet, ressentir davantage la douleur, et ainsi de suite. Il peut être utile, pour cette raison, d’associer un traitement psychologique aux soins physiques.

Le diagnostic de la CI est difficile, et les médecins ne s’accordent pas sur la meilleure façon de l’identifier. La plupart d’entre eux commenceront par vous examiner et vous interroger sur vos symptômes. La première étape pour le diagnostic de la CI consiste à écarter les autres affections provoquant des symptômes similaires. Une fois cette possibilité éliminée, deux examens de laboratoire peuvent être utilisés pour le diagnostic. Le premier est la cystoscopie. Pour cet examen, le médecin introduit un flexible terminé par une lentille et une lumière dans votre urètre et votre vessie. Il peut aussi remplir la vessie de gaz ou de liquide pour vérifier à quel point elle peut se dilater. Le deuxième examen est le test de sensibilité au potassium. Pour celui-ci, un liquide contenant du potassium est injecté dans votre vessie, après quoi on vous demandera d’uriner. De l’eau pure est ensuite introduite dans la vessie. Si le potassium provoque une douleur plus forte ou un plus grand besoin d’uriner, le test est alors considéré comme positif pour la CI ^{[ 1 ]}. D’autres examens peuvent être réalisés, mais ces deux-là sont les plus utilisés.

Recommandations thérapeutiques

Plusieurs médicaments sont disponibles pour traiter la CI. Les plus courants sont des antalgiques, tels que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, naproxène). Des antidépresseurs tricycliques sont aussi utilisés, puisqu’ils aident à détendre la vessie et à calmer la douleur. Les antihistaminiques, qui réduisent l’urgence et la fréquence des mictions, et peuvent parfois soulager les autres symptômes, sont également utilisés ^{[ 3 ]}.

Divers conseils de mode de vie peuvent aider à contrôler l’intensité de la CI. Une bonne méthode consiste à tenir un journal des symptômes et des thérapies, afin de définir à terme le meilleur traitement. Des exercices quotidiens d’étirement doux peuvent être pratiqués. S’informer sur la CI et prendre une part active aux soins permet généralement d’obtenir de meilleurs résultats. Boire beaucoup d’eau (plus de 2 l/j), même si cela implique d’uriner davantage, est souvent utile. Le tabac semblant accentuer la CI, essayez de réduire ou d’arrêter de fumer. Enfin, il est conseillé d’éviter les situations stressantes, puisque le stress peut aggraver les symptômes de la CI.

Concernant les vêtements, il existe quelques facteurs permettant de soulager les symptômes de la CI. Les vêtements amples et confortables sont recommandés (tout ce qui ne serre pas ou n’exerce pas de pression sur l’entrejambe ou les zones voisines permet de réduire la gêne). Les sous-vêtements en coton sont préférables, et laissent la peau respirer. Éviter les tissus colorés peut être utile, certaines teintures pouvant irriter la peau. De même, il est préférable d’opter pour une lessive plus naturelle. On en trouve diverses marques écologiques, qui contiennent moins de substances nocives. L’exposition aux produits chimiques étant l’un des facteurs déclencheurs de la CI, réduire cette exposition peut aider à prévenir ou à soulager d’autres irritations. On sait que la majorité des substances chimiques et des toxines viennent des produits ménagers et d’hygiène, et l’utilisation d’alternatives plus naturelles permet de réduire les symptômes de la CI, ainsi que d’améliorer la santé globale.

Recommandations alimentaires

Les aliments qui suivent ont montré qu’ils étaient au moins associés à l’aggravation des symptômes de la CI. Il est donc recommandé à la plupart des patients d’éviter ces aliments déclencheurs. Une fois de plus, il convient de noter que tout le monde ne réagit pas de la même façon aux déclencheurs, et un régime par élimination (dans lequel ces aliments sont supprimés pour une période donnée puis dont on observe l’effet de la réintroduction) est en général assez efficace.

Les déclencheurs alimentaires courants à éviter dans la CI sont :

Autres aliments dont l’élimination est à envisager : thé, boissons gazeuses (tous les colas), tout type d’exhausteur de goût (tels que poivre, piment, raifort, vinaigre, édulcorant) – y compris les aliments qui en contiennent souvent beaucoup, viande (bœuf, porc et agneau), et enfin les aliments très salés du type biscuits apéritif et popcorn ^{[ 4 ]}.

On trouvera de nombreuses recettes permettant d’éviter les aliments déclencheurs sur le site de l’Interstitial Cystitis Network : http://www.ic-network.com/icchef/. Ce site fournit également de nombreuses informations utiles aux personnes atteintes de CI, ainsi que des liens vers des médecins spécialisés dans le traitement de cette affection.