Withania somnifera - Une vue d’ensemble

W. somnifera, appelée aussi « ashwagandha », est une plante utilisée depuis plus de 3000 ans. Les constituants importants de sa racine sont des alcaloïdes stéroïdiens et des withanolides, les lactones stéroïdiennes. Elle est utilisée contre l’anxiété, l’inflammation, la maladie de Parkinson, les troubles cognitifs et neurologiques, et comme traitement d’appoint des chimio et radiothérapies. C’est également un important adaptogène, c'est-à-dire une plante qui tempère la réponse de l’organisme au stress, à l’épuisement nerveux, à l’asthénie due au stress, et un stimulant immunitaire pour les personnes qui ont un déficit de globules blancs (1).

Les withanolides sont des précurseurs hormonaux qui peuvent se transformer au besoin en hormones physiologiques humaines et sont en conséquence utilisés pour réguler les processus physiologiques importants. L’une des théories pour expliquer leur mode d’action est que quand une hormone donnée est en excès, le précurseur hormonal végétal se fixe sur ses récepteurs, bloquant les liaisons de cette hormone et l’empêchant d’exercer ses effets. Quoi qu’il en soit, si le taux d’hormones est faible, l’hormone végétale peut exercer un léger effet (1,2). W. somnifera régule les marqueurs de stress oxydatif de l’organisme, réduit la peroxydation des lipides et augmente le taux de superoxydes dismutases (SOD) et l’activité de la catalase. Elle pourrait également moduler la neurotransmission GABAergique ou cholinergique. Son agonisme au GABA étant relié à la prévention de l’anxiété, cette plante est bénéfique contre les troubles de l’anxiété. Il est possible que leur potentiel inhibiteur de la cholinestérase, ainsi que leurs propriétés antagonistes du calcium, permettent d’utiliser les withanolides dans le traitement de la maladie d'Alzheimer et des troubles associés. La withaferine A serait un inhibiteur de l’angiogenèse (la formation de nouveaux vaisseaux sanguins), et pourrait donc prévenir certains types de cancers. Deux glycowithanolides (les sitoindosides IX et X) ont une action antistress, et favoriseraient l’apprentissage et la mémorisation chez les rats, jeunes ou âgés (3).

Les troubles anxieux sont très courants dans la population, avec plus 15% des personnes touchées à un moment ou un autre de leur vie. W. somnifera a des propriétés d’imitation du GABA aidant à la réduction de l’anxiété et contribuant à ses effets antidépresseurs (3,6). Une étude a montré que la plante avait des effets supérieurs à un placebo dans le traitement de l’anxiété (4). Une étude animale a comparé les propriétés d’anxiolytique et d’antidépresseur de W. somnifera avec celles de médicaments souvent prescrits, le lorazépam et l’imipramine. La plante et le lorazépam réduisent l’un et l’autre le taux d’un marqueur de l’anxiété clinique dans le cerveau, et W. somnifera affiche un effet antidépresseur comparable à celui de l’imipramine (5,6).

Le stress chronique a divers effets négatifs sur l’organisme : déficit cognitif, troubles sexuels, ulcères gastriques, immunosuppression, glycémie anormale, et variation des taux sanguins de corticostérone (5). W. somnifera permet d’augmenter la tolérance au stress non spécifique chez les animaux, en raison de sa capacité à rétablir de nombreux paramètres tout en n’interférant pas avec les fonctions physiologiques normales de l’organisme (7). Dans une étude sur les rats, elle a atténué également les symptômes de stress tels que taux de cortisol, dépression mentale et troubles sexuels (5). On a pu montrer, dans cette même étude, que W. somnifera diminuait le nombre et la gravité des ulcères chroniques dus au stress, supprimait l’inhibition sexuelle chronique masculine due au stress et l’immunosuppression, et inhibait les effets négatifs du stress chronique sur la mémorisation des apprentissages (8).

W. somnifera permet d’augmenter la sensibilité des tumeurs aux rayons et à la chimiothérapie tout en diminuant les effets secondaires de ces traitements. Elle a un effet antiprolifératif, mais pas d’effet antioxydant sur les cellules tumorales humaines. La recherche animale sur W. somnifera a confirmé son utilité pour ralentir la croissance des tumeurs et augmenter le temps de survie. La plante a des effets à la fois oxydants et antioxydants et peut contrer le stress oxydatif provoqué par le développement de la tumeur et l’inflammation, tout en ralentissant la progression de la maladie. W. somnifera ne régule ni à la baisse ni à la hausse la phase 1 du parcours de détoxication ou les enzymes p450, et peut donc être associée avec des traitements pharmaceutiques ou des plantes qui affectent ces systèmes, sans interagir avec eux (7).

Il est prouvé que W. somnifera augmente le taux d’hémoglobine et de globules rouges, et diminue le cholestérol sérique et la vitesse de sédimentation, un marqueur inflammatoire. Elle peut réduire la leucopénie, favoriser les cellules de la moelle osseuse, et augmenter le rapport entre érythrocytes normochromatiques et polychromatiques chez les souris traitées par rayonnement gamma. Elle peut aussi augmenter la quantité de globules blancs et la cellularité de la moelle osseuse de souris traitées au cyclophosphamide, un agent chimiothérapique courant. Puisque l’immunité est compromise dans le cancer, en particulier chez les personnes sous chimio et radiothérapie, le soutien au système immunitaire est important (9). Des études sur les animaux ont montré que W. somnifera a un effet profond sur le système hématopoïétique, puisqu’elle agit comme agent immunorégulateur et chimio-protecteur. Une étude portant sur les souris a montré qu’elle augmentait la quantité totale de leucocytes et la production de monoxyde d’azote dans les macrophages, points importants pour les personnes qui suivent un traitement contre le cancer. W. somnifera ayant un effet stimulant sur les lymphocytes T cytotoxiques in vitro et in vivo, elle pourrait réduire le développement tumoral, en raison du rôle de ceux-ci dans le ciblage et l’élimination des cellules cancéreuses. Une étude in vitro a montré que les withanolides inhibaient chez l’homme la croissance des cellules cancéreuses du sein, des poumons, du système nerveux central et du côlon, de façon comparable à la doxorubicine, un médicament chimiothérapique (2).

La principale hormone circulante thyroïdienne est la T4, synthétisée par la glande thyroïde. Dans une étude animale, une augmentation de la concentration sérique de T4 a été observée suite à l'administration de W. somnifera. Il semble que celle-ci pourrait stimuler la synthèse et/ou la libération de T4 au niveau glandulaire. Dans une autre étude animale, le groupe traité à la W. somnifera a connu une diminution significative de la peroxydation lipidique dans le foie et une augmentation de l’activité de la catalase. Ces observations suggèrent que la plante augmente probablement l’efficacité du système antioxydant cellulaire par stimulation enzymatique. Le métabolisme des glucides est également influencé par les hormones thyroïdiennes. W. somnifera augmente l’activité du glucose-6-phosphatase (G6Pase), coïncidant avec un accroissement de la concentration d’hormones thyroïdiennes, ce qui peut être dû à l’augmentation de la concentration de T4, puisque le T4 exogène est connu pour améliorer l’activité du G6Pase (10). W. somnifera peut donc être utile dans le traitement de l’hypothyroïdisme.

La maladie d’Alzheimer (MA) est un trouble neurodégénératif irréversible caractérisé par la confusion mentale, les sautes d’humeur et la perte de mémoire. Les peptides bêta-amyloïdes (PBA) jouent un rôle important dans le développement de la MA, et sont la cible principale des traitements médicamenteux. Les withanolides inhibent fortement la peroxydation lipidique, laquelle est impliquée dans le développement de plusieurs pathologies. La réduction de ce processus peut aider à la conservation de cellules et de tissus sains. Une étude animale a montré que les withanolides réduisent les radicaux libres réactifs, qui provoquent le stress oxydatif sur les membranes cellulaires neuronales. Celui-ci entraine la fibrillation des protéines tau à l’intérieur des cellules, aboutissant à la mort cellulaire. Prévenir ce stress est donc essentiel pour les personnes atteintes de la MA. W. somnifera protège aussi les cellules neurales de la mort par formation de plaques de PBA. Elle peut donc être utilisée pour réduire la mort cellulaire chez les patients atteints de la MA, ou en usage prophylactique, et permet d’améliorer la qualité de vie de ces patients (11).

W. somnifera est considérée comme sûre et non toxique à doses raisonnables. Il existe une possibilité d’interaction avec d’autres plantes et médicaments ; il est donc important de consulter un professionnel de santé bien informé sur ces interactions avant de prendre W. somnifera (3). Par ailleurs, W. somnifera pouvant, à hautes doses, provoquer des avortements, il convient de l’éviter pour les femmes enceintes. En raison de son léger effet dépresseur du système nerveux central, les personnes suivant un traitement de W. somnifera devraient éviter l’alcool, les sédatifs et autres anxiolytiques (2).

W. somnifera peut être utilisée efficacement pour réduire l’anxiété, la dépression et les effets négatifs du stress. On a également démontré ses effets comme anticancéreux, stimulant thyroïdien, et puissant antioxydant pouvant bénéficier à la cognition. En raison de ses avantages divers, de sa grande fiabilité et des faibles risques d’interaction avec d’autres médicaments et plantes, elle est très utilisée dans la pratique naturopathique.