La douleur chronique - Perspectives neuropathiques

Selon Statistics Canada, dans la tranche d’âge de 12 à 44 ans, 1 personne sur 10 est confrontée à des douleurs chroniques[1]. Cela peut avoir des effets négatifs sur le travail, l’école, la vie sociale, causer un sentiment de perte de contrôle chez le patient, et également, résulter sur des troubles tels que de l’anxiété et de la dépression. Après avoir prouvé son efficacité dans la phase de douleur aiguë (par exemple, des premiers soins, antidouleurs en vente libre, chaleur/glace, etc.), la médecine moderne peut donner aux gens ce sentiment d’être abandonné en ce qui concerne la gestion et la réduction des douleurs chroniques sur le long terme. Les ramifications actuelles de la crise des opiacés, en plus de cela, permettent à la médecine neuropathique de compléter d’autres thérapies manuelles (thérapie de massages, physiothérapie et autres) pour soutenir et réhabiliter le patient souffrant de douleurs chroniques.

Les problèmes de santé causant des douleurs chroniques sont extrêmement nombreux, il ne s’agit pas seulement de l’arthrite. Les maladies auto-immunes, les blessures traumatiques, les migraines / maux de tête, la fibromyalgie et même l’anxiété et la dépression ont été associés à des douleurs quotidiennes accrues. Au fil du temps, cela cause non seulement une détresse physique, mais également mentale – il n’est pas étonnant que les troubles mentaux soient souvent associés à des douleurs chroniques. Heureusement, les personnes souffrant de douleurs chroniques peuvent disposer de nombreux outils, l'un d’entre eux étant la phytothérapie ou la médecine à base de plantes.

En utilisant le principe neuropathique « tout d’abord, ne pas faire de tort », la gestion des douleurs chroniques peut commencer au niveau de la nutrition et de l’alimentation.

1) Les aliments riches en polyphénols (café et chocolat noir)
Une étude a démontré que les femmes atteintes de fibromyalgie qui consommaient des aliments riches en polyphénols avaient une meilleure qualité de vie. La quantité de points sensibles avait été réduite par la consommation de café. Le café est très riche en polyphénols, et en caféine, également ennemie de la douleur. La qualité de vie globale avait été améliorée grâce à des fruits rouges (cerises, framboises, airelles, grenades, raisins rouges) et du vin rouge[2]. Les polyphénols sont un type d’antioxydant que l’on trouve dans le thé, le café, ainsi que de nombreux fruits et légumes comme les raisins, les poires et les pommes[3:169].

2) Les épices anti-inflammatoires traditionnelles (curcuma, gingembre)
Les recherches indiquent que les membres de la famille des Zingibéracées (incluant le curcuma, le gingembre et le galanga) sont des hypoalgésiques (réducteurs de douleur) cliniquement efficaces, avec un meilleur profil d’innocuité que les médicaments anti-inflammatoires non-stéroïdiens (aspirine)[4]. Cependant, de la même manière que les AINS, les Zingibéracées ont été associées à un risque d’augmentation des saignements, il vaut mieux donc rester vigilant avec les anticoagulants jusqu’à ce de nouvelles études soient effectuées.

3) Les acides gras oméga-3 anti-inflammatoires (huile de poisson)
Une étude sur des humains a révélé que des doses quotidiennes d’huile de poisson contenant 1200 mg à 2400 mg d’acides gras essentiels (AGE) réduisaient les douleurs arthritiques chroniques avec une efficacité équivalente aux AINS (ex : aspirine). Certains participants ont même arrêté de prendre leurs AINS et ont continué avec de l’huile de poisson[5]. Évidemment, la réduction de la douleur est renforcée en prenant une dose d’huile de poisson concentrée, mais des effets anti-inflammatoires peuvent néanmoins être obtenus par la consommation alimentaire de poisson. Une autre étude utilisant un régime pauvre en acides gras oméga-6 (pensez aux aliments industriels) et riche en acides gras oméga-3 a abouti sur des améliorations importantes des maux de tête chez de personnes souffrant de maux de têtes chroniques et quotidiens[6][7].

Bien que cette liste ne soit pas exhaustive, on citera le café, le chocolat noir, les baies, le gingembre et les produits de la mer parmi les meilleurs aliments / suppléments pour les douleurs chroniques. Oui, c’est bien vrai. Votre tasse de café matinale pourrait bien aider votre corps à atténuer la manière dont il réagit à la douleur – surveillez toutefois si le café ne vous créé des problèmes digestifs, de l’anxiété ou de l’insomnie. J’encourage également le carré de chocolat quotidien… éventuellement accompagné de quelques baies ? Qui s’en plaindrait ?

Voici une boisson antidouleur que vous pouvez préparer facilement dans votre cuisine :

Elixir antidouleur au gingembre et curcuma

• Une noix de 1 pouce de curcuma frais
• Une noix de 1 pouce de gingembre frais
• Citron
• Miel
• Une pincée de poivre noir

Faites bouillir le gingembre et le curcuma dans une casserole d’eau de taille moyenne. À ébullition, réduisez et laissez à feu doux pendant 20-30 minutes (selon l’intensité souhaitée du goût de gingembre). Mélangez la quantité souhaitée de citron et de miel et ajoutez une pincée de poivre noir. Il a été prouvé que le poivre noir amplifiait l’absorption du curcuma par le corps.

Retirez le curcuma et le gingembre, puis savourez !

Cette recette peut être préparée avec du curcuma ou du gingembre en poudre. Cela produira toutefois de petites quantités de poudre dans votre boisson qui peuvent alors être filtrées.

Les plantes et les herbes apaisent les douleurs chroniques en utilisant quelques-unes des principales actions biochimiques – anti-inflammatoires (AI) et analgésiques. Les plantes anti-inflammatoires contiennent des composés étudiés pour leurs capacités à réduire les substances chimiques inflammatoires dans le corps et pour leurs actions analgésiques qui ont le potentiel de « bloquer la douleur » - de façon similaire à ce qu’un médicament antidouleur / sédatif pourrait faire (par ex : le Tylenol pour un mal de tête). D’autres actions courantes sont des actions anti-rhumatiques (douleurs articulaires et autres douleurs) et antispasmodiques (contre les crampes).

1) Le curcuma (Curcuma longa)
Les polyphénols de la curcumine régulent à la baisse les NF κB et la COX 2, qui sont des molécules anti-inflammatoires (AI) du corps. Des études sur des humains ont démontré des bienfaits sur l’arthrite rhumatoïde et les maladies intestinales inflammatoires. Une étude avec des patients souffrant d’ostéoarthrite du genou a révélé que le groupe qui avait pris du Curcuma longa avait de meilleures échelles analogues visuelles(EAV) ainsi que de meilleurs niveaux de biomarqueurs du stress oxydatif[8].

2) Le gingembre (Zingiber officinale)
Le gingérol et le zingérone sont des agents AI clés du gingembre. Ces agents modulent la synthèse des leucotriènes et des PG tout en inhibant les NF κB (d’autres composés régulant l’inflammation). Les extraits de Zingibéracées ont montré une efficacité considérable pour réduire la douleur chronique subjective, avec une corrélation dose-effet linéaire[9].

3) Le saule blanc (Salix alba)
L’acide salicylique du Salix alba est associé aux capacités AI et analgésiques de l’aspirine et peut donc être utile pour tout type de douleurs rhumatiques ou d’autres types. Il est même plus sûr d’utilisation que l’aspirine, car il ne possède pas les mêmes propriétés anticoagulantes que l’aspirine.

4) L’actée à grappes noires (Cimicifuga racemosa)
Les cimicifugides (des composés que l’on trouve dans l’actée à grappes noires) sont antispasmodiques, anti-rhumatiques et anti-inflammatoires, ce qui rend cette plante très utile pour tous les types de douleurs, en particuliers les crampes (ex : douleur chronique observée dans l’endométriose et les dysménorrhées)[10].

5) La marijuana (Cannabis sativa/indica)
Le système endocannabinoïde a été étudié afin de prouver son efficacité à moduler des problèmes de douleur chronique. Les endocannabinoïdes ne se limitent pas au cannabis mais sont affectés par des choses comme de l’exercice et les huiles de poisson.
La marijuana médicale a été étudiée pour des problèmes comme l’arthrite, les névralgies, les douleurs du cancer, etc.
La douleur est multidimensionnelle et elle est affectée par divers systèmes inflammatoires ainsi que par les neurotransmetteurs et d’autres systèmes (par ex : le système endocannabinoïde dans le cannabis).
La légalisation du cannabis va permettre de faire plus de recherche sur son innocuité, son efficacité et les dosages adéquats pour réduire la douleur.

6) L’huile essentielle d’encens oliban (Boswellia serrata)
Cette herbe historique est utilisée en médecine ayurvédique pour des problèmes d’arthrite et dans la médecine occidentale pour d’autres processus liés à des inflammations (par ex : les colites ulcératives, les douleurs chroniques, l’ostéoarthrite et les arthrites rhumatoïdes).

Elle inhibe les leucotriènes tout comme de nombreuses autres plantes AI, ce qui pourrait être une des raisons pour lesquelles elle est efficace pour les problèmes de douleurs chroniques.

Il a été constaté dans une étude que le Boswellia serrata modifiait le niveau de douleur de départ, en comparaison avec un placebo[11].

De nombreuses autres plantes peuvent être utiles pour la douleur chronique et une consultation chez un médecin naturopathe pourrait vous aider à déterminer lesquelles pourraient vous convenir le mieux. Un avantage de l’utilisation de la médecine à base de plantes est qu’un grand nombre de ces plantes produisent de multiples actions qui peuvent également traiter plusieurs problèmes coexistant à la fois. Par exemple, le gingembre est également antiémétique (prévient les vomissements et la nausée) et pourra donc être utile pour quelqu’un souffrant à la fois de douleurs chroniques et de nausées.

La nutrition et la médecine à base de plantes ont toute deux prouvé qu’elles pouvaient fournir une aide remarquable pour les douleurs chroniques et pourraient alléger le fardeau qui pèse sur le système de santé.