Gérer la Douleur Chronique : Utiliser la Méditation

Des millions de personnes souffrent de douleur chronique, sous une forme ou une autre. Que la cause soit une blessure, une maladie ou une anomalie génétique, la douleur chronique affecte la qualité de vie. Quand la douleur limite votre aptitude à faire quelque chose, ou vous empêche de faire quelque chose, il y a aussi un effet psychologique.

La déception et la frustration peuvent causer des sentiments dépressifs. Le stress de la douleur elle-même peut être difficile à gérer et épuisant, produisant un besoin désespéré de soulagement. Ce type de stress mental peut interférer avec la guérison, la ralentir, et peut vraiment empirer toutes formes de douleur.

On estime que plus d'un tiers de la population mondiale souffre de douleur chronique ou persistante ^{[ 11 ]}. Dans beaucoup de pays, la gestion de la douleur représente une industrie de plusieurs milliards de dollars. Les avancées modernes des études moléculaires ont élargi notre connaissance du mécanisme de la douleur et de notre réponse à la douleur, et conduit à de meilleurs moyens de gérer la douleur.

En comprenant pourquoi nous avons mal, en identifiant le type de douleur, un plan efficace de gestion de la douleur à long terme peut être envisagé, comprenant divers traitements non pharmaceutiques, comme la physiothérapie et la méditation pleine conscience.

La douleur est classifiée par son point de provenance et la manière dont elle se manifeste. La douleur nociceptive est une douleur normale associée à un tissu blessé et se classe ensuite en douleur Somatique ou Viscérale. La douleur somatique provient de la peau, des muscles, tendons, articulations et des os. La douleur viscérale provient des organes creux et des tissus musculaires lisses. Ces deux types de douleur nociceptive sont produits par des récepteurs de douleur situés dans la zone de la blessure ^{[ 9, 10 ]}.

La douleur neuropathique est soit produite soit entretenue par le système nerveux. La douleur neuropathique est bien plus complexe que la douleur nociceptive. Selon un article publié par les docteurs Alexander G. Reeves et Rand S. Swenson de la Dartmouth Medical School à New Hampshire,

"la douleur neuropathique est plus susceptible d'apparaître lors de pathologies affectant le système nerveux, incluant diverses lésions directes des nerfs et des maladies comme le diabète, l'abus d'alcool, le zona, le SIDA, la maladie de Lyme ou des pathologies impliquant le système nerveux, comme la sclérose en plaques"^{[ 10 ]}.

Quelle que soit la cause de la douleur, l'intensité de la douleur peut varier grandement suivant les personnes. En d'autres termes, la perception de chacun(e) est différente. La douleur est traitée par le lobe frontal du cerveau, l'aspect psychologique qui en découle est donc grandement individualisé.

L'état psychologique d'une personne et ses expériences peuvent avoir un effet sur la manière dont elle gère la douleur. Ce que signifie la douleur pour la personne joue aussi un rôle. Par exemple, une personne légèrement dépressive qui se blesse, aura plus de mal à être performante au travail. Elle souffrira peut-être plus, si elle sent qu'elle ne peut pas travailler correctement, qu'elle laisse tomber son équipe, ou qu'elle a l'impression d'être un poids pour sa hiérarchie ou ses collègues.

Si la souffrance atteint un certain seuil de douleur, elle peut inciter cette personne à jeter l'éponge et ne plus essayer de travailler, ce qui rend la blessure ou la douleur encore pire. Le regain d'attention sur la douleur et le handicap qu'elle induit, que ce soit temporaire ou permanent, peut rallonger le temps de récupération, rendre les médicaments moins efficaces, affaiblir le système immunitaire et aggraver la dépression.

Si vous avez déjà eu mal après une blessure qui a limité vos mouvements, comme une blessure dans le dos, au pied ou à la jambe, mais que vous ne l'avez pas laissé prendre le dessus et que vous vous êtes battu(e) pour continuer à effectuer vos tâches quotidienne, vous avez dû remarquer que votre attitude positive était plus difficile à entretenir quand la fatigue et la frustration apparaissaient; la douleur pouvait alors devenir plus intense.

Il existe plusieurs théories expliquant les variations de souffrance, ou de notre perception de la douleur, alors que la blessure elle-même reste quasiment la même. La première théorie est plutôt simple, et repose sur la présence ou l'absence d'endorphines. En général, les concentrations d'endorphine sont plus élevées quand une personne est de bonne humeur. Les endorphines peuvent atténuer la douleur au moment de la blessure et pendant les jours et les semaines qui suivent ^{[ 4 ]}.

Une autre théorie implique des "portes" du nerf rachidien qui contrôlent l'intensité du signal de douleur envoyé au cerveau. Certains facteurs influençant ces portes nerveuses comprennent d'autres stimuli, comme la chaleur et le froid, la vibration (frotter l'endroit d'un trauma, par exemple) et les attentes de la personne, en fonction de ses connaissances et de l'évaluation qu'elle fait de la blessure ^{[ 3 ]}. Si vous vous êtes déjà blessé(e) et ne vous en êtes rendu(e) compte qu'en voyant effectivement la blessure, vous en avez fait l'expérience.

La douleur aiguë se définit comme une douleur qui dure 3 à 6 mois. La douleur chronique se définit comme une douleur qui dure plus de 3 à 6 mois ^{[ 9 ]}. Les types nociceptifs de douleur peuvent inclure des mécanismes d'inflammation et de gonflement, des spasmes et des contractions musculaires (crampes). La douleur est souvent réduite en appliquant de la chaleur ou de la glace, en frottant doucement la blessure, en prenant certains médicaments anti-inflammatoires (y compris des médicaments sans ordonnance) ou des analgésiques sur ordonnance.

La douleur neuropathique, cependant, ne répond pas aux médicaments à base d'opioïdes, car la douleur est générée ou entretenue par le système nerveux ^{[ 10 ]}. Malheureusement, beaucoup de médecins ont peu d'alternatives à proposer aux patient(e)s souffrant de douleur chronique. La dépendance aux antidouleurs sur ordonnance cause des problèmes majeurs, car ils ont des effets secondaires aussi bien physiques que financiers et sociaux ^{[ 11 ]}.

Bien que des millions de personnes souffrent de douleur aiguë et chronique, la recherche a été relativement lente à identifier son fonctionnement et pourquoi elle est ressentie différemment. Il a été prouvé cliniquement que la méditation pleine conscience permet d'atténuer la souffrance.

Pendant la méditation pleine conscience, la personne cherche à comprendre comment la douleur chronique l'affecte physiquement, émotionnellement et socialement. Cela est accompli en faisant une observation compatissante des sensations ressenties dans le corps, en cherchant à les visualiser dans leur forme la plus pure possible, sans attache émotionnelle, comme si on les observait chez quelqu'un d'autre, et sans jugement. Vous verrez sans doute l'utilité de pouvoir décrire les sensations que vous ressentez - une douleur sourde, continue, une douleur qui irradie ou qui produit une sensation de pression, etc.

À partir de là, l'attention se porte alors sur les émotions qui accompagnent l'affection qui provoque la douleur chronique. Les sentiments de colère, de culpabilité, de frustration, etc., doivent être visualisés de manière compatissante, en identifiant les sentiments sans les juger. Visualiser les émotions sans justifier leur existence. Essayez d'identifier comment ces émotions affectent d'autres parties de votre corps et votre corps dans sa globalité; de même, sans jugement.

Observez comment ces émotions affectent l'intensité de la douleur que vous ressentez, et votre aptitude à penser clairement et à vous concentrer. Essayez de vous rappeler des moments où vous n'avez pas mal ou quand vous n'y faites pas attention (comme au moment du réveil, ou quand vous êtes dans une position particulière). Essayez de ramener votre esprit à ce moment spécifique, comme si vous le reviviez.

Enfin, visualisez comment vos sentiments affectent la manière dont vous interagissez avec les personnes qui vous entourent. Avez-vous une image négative de vous-même ou une attitude défensive à propos de votre handicap ? Reconnaître que ces comportements ne sont pas directement connectés à la douleur elle-même et n'ont aucune utilité réelle, vous permet de vous en libérer; regardez-vous avec la même compassion que si c'était un(e) bon(ne) ami(e).

Des études ont montré qu'après plusieurs séances guidées de méditation pleine conscience, les personnes souffrant de douleur chronique ont ressenti un soulagement immédiat de la douleur après chaque séance, et aussi à long terme. Les médicaments antidouleur peuvent souvent être réduits, voire supprimés ^{[ 2 ]}.

Cela est attribué à l'aspect psychologique impliqué dans la perception de la douleur. Les scans de cerveaux montrent une activité augmentée dans les zones du cerveau associées au traitement des signaux de douleur, et une activité réduite dans les zones impliquées dans le traitement des émotions ^{[ 12 ]}.

Dans une étude publiée dans le National Center for Biotechnology Information concernant des patient(e)s souffrant de douleur chronique, pratiquant la méditation pleine conscience pendant 10 semaines, figurait cette conclusion : "des réductions statistiquement significatives ont été observées pour les mesures de douleur, d'image de soi négative, de réduction d'activité due à la douleur, des symptômes, des perturbations de l'humeur et de symptomatologie psychologique, dont l'anxiété et la dépression. L'utilisation de médicaments antidouleur a baissé, les niveaux d'activité et d'estime de soi ont augmenté. Les améliorations semblent indépendantes du genre, de la source de référence et du type de douleur" ^{[ 5 ]}.

Il existe différentes formes de méditation pleine conscience guidée, beaucoup sont gratuites, vous devriez donc trouver facilement le style qui vous convient. La plupart des séances durent 15 à 20 minutes, elles réduisent aussi le stress et favorisent la relaxation.

Si vous voulez essayer la méditation pleine conscience pour gérer votre douleur chronique, parlez-en à votre médecin ou à votre docteur(e) en naturopathie pour qu'elle fasse partie de votre traitement. Une personne ou un programme pourront vous être conseillés pour vous aider à bien débuter. Une fois que vous aurez trouvé un style qui vous convient, vous pourrez pratiquer par vous-même et aussi souvent que nécessaire.