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Le jardinage - État de la recherche

Louise Wilson
BSc, ND

30 November 2018
Français

État de la recherche
by Dr. Louise Wilson, ND (inactive)








Gardening

Il y a bien des choses que j’aime faire, mais en haut de la liste, en plus de passer du temps avec mes trois super enfants, il y a le jardinage. Vous me trouverez au jardin depuis les premiers beaux jours du printemps jusqu’à ce que la fraicheur automnale me chasse vers la maison pour réviser mes livres de botanique. Légumes, fines herbes ou vivaces collectionnées au fil des ans, jardiner fait mon bonheur, et je suis sûre de ne pas être la seule dans ce cas. Le simple fait de cueillir la mauve ou le pourpier dans ma pelouse un peu sauvage me remplit de calme, et constitue, disons-le, une expérience très plaisante. Plonger les mains dans l’humus, écarter les vers de terre, et veiller sur ma parcelle, qui ne cesse de s’étendre, voilà qui me met en condition pour la prochaine pousse de mars. Je ne vois pas comment le dire autrement : j’adore jardiner.

Gardening

Si beaucoup de gens se mettent au jardinage, pour des raisons diverses – avoir des légumes bio, tenter une expérience, prendre de l’exercice, ou par goût esthétique – la recherche scientifique nous apprend que, quelles que soient nos motivations, cette activité attrayante et importante a d’incontestables avantages pour la santé. Les bienfaits psychologiques et physiologiques du jardinage commencent à apparaitre dans les publications, et ces bienfaits peuvent jouer un rôle important dans la formation au bien-être dispensée par les naturopathes et les autres professionnels de santé.

En tant que praticiens, nous connaissons bien l’influence positive que la nature peut avoir sur notre santé, à la fois individuellement et pour notre communauté [1][2]. Rompre le lien avec notre environnement naturel peut avoir de nombreuses répercussions sur notre corps et notre esprit [3][4]. Certains pensent même qu’une perte de contact avec la nature entraine divers problèmes de santé et de comportement, en particulier chez les enfants, qu’on pourrait rassembler sous le terme de « trouble du déficit de nature » [5]. L’exposition à la nature – que ce soit une promenade sur un chemin communal, une excursion à vélo le long d’un ravin, la visite d’un verger campagnard, ou simplement le fait de profiter, en compagnie d’un ami, de la tranquillité d’un de nos nombreux et merveilleux parcs provinciaux et nationaux canadiens (Bon Écho est l’un de mes préférés) – peut être bénéfique contre de nombreuses affections. GardeningParmi ces affections, citons entre autres : la dépression et l’anxiété, les problèmes de poids liés à la grossesse, le diabète, l’obésité, les troubles circulatoires et cardiaques, mais aussi ce qui concerne la longévité [6][7][8][9][10]. Le contact régulier avec la nature peut donc favoriser la santé, et être utilisé comme une forme de médecine préventive, un instrument parmi d’autres dans la trousse de soins individualisés des médecins naturopathes.

En ce qui concerne plus particulièrement le jardinage, chercheurs et professionnels de santé sont de plus en plus conscients des bienfaits pour la santé de cette activité naturelle et agréable [11][12]. Si l’on s’intéresse à la recherche, les études montrent que le jardinage offre divers avantages pouvant favoriser sous bien des aspects notre santé et notre bien-être. Citons par exemple le développement de la satisfaction personnelle, de l’énergie, du bien-être psychologique, des affects positifs, de l’activité cognitive, ainsi qu’une meilleure perception du sentiment communautaire [13][14][15]. On a également constaté que l’influence thérapeutique du jardinage permettait de réduire le stress, la colère, la fatigue, la dépression et les symptômes anxieux [16][17][18]. Ces bienfaits pour la santé, ajoutés à la rentabilité du jardinage vu comme une intervention médicale, sont à la fois bénéfiques pour l’environnement et pour le bien-être global de ceux qui cherchent le soulagement de nombreux problèmes de santé [11] [14].

Une méta-analyse des publications récentes sur le jardinage et ses effets sur la santé a révélé que la participation à des activités de jardinage avait un impact positif significatif sur la santé [19]. Cet effet positif du jardinage a été observé pour une large gamme de problèmes de santé tels que dépression, symptômes anxieux, stress, perturbations de l’humeur, ainsi que pour l’indice de masse corporelle (IMC). Une amélioration de la qualité de vie, du sens de la communauté, du niveau d’activité physique et de la fonction cognitive a aussi été observée. Certaines études citées dans cette analyse révèlent que quelques heures d’activité au jardin peuvent suffire pour observer une amélioration immédiate (p. ex. une réduction des symptômes dépressifs et anxieux). Des effets à plus long terme sont aussi décrits dans cette méta-analyse, avec une amélioration de l’état de santé des patients (concernant par exemple la gravité de la dépression, la satisfaction générale ou l’activité cognitive), persistant après 3 mois de suivi. Sur les 22 études de cas examinées, 7 se concentraient sur le jardinage quotidien, montrant que les participants étaient en meilleure santé que ceux qui ne jardinaient pas, notamment pour la réduction du stress et de l’IMC, avec une augmentation de la santé globale et de la satisfaction personnelle.

Pour expliquer les bienfaits du jardinage sur la santé, les chercheurs ayant mené l’analyse ont conclu qu’il existait plusieurs explications différentes mais pouvant se recouper [19]. La première et la plus directe, que nous avons déjà évoquée, concerne les bénéfices pour la santé qu’apporte le contact direct avec la nature. En second lieu, le jardinage suppose une certaine activité physique, dont on connait les avantages pour la santé, à la fois physique et psychique. Je ne compte plus le nombre de fois où je suis rentrée d’une longue journée passée au jardin avec l’impression de sortir de la salle de gym. Le jardinage est aussi une forme d’activité souvent modérée, qui convient aux plus âgés ou à ceux dont la mobilité est réduite, et qu’ils peuvent pratiquer simplement, dans le confort de leur propre environnement. Troisièmement, le jardinage est l’occasion d’entretenir des rapports avec le voisinage. Nos paysages urbains voient de plus en plus de jardins communautaires, qui permettent de cultiver des produits locaux et favorisent un sentiment d’appartenance à la communauté. GardeningCes parcelles, souvent aménagées sur des terrains vacants, participent à la création et au renforcement de liens sociaux, de réseaux communautaires, de connaissances et d’amitiés. Quatrièmement, la culture indépendante de fruits et légumes permet de s’approvisionner directement en produits bio et riches en nutriments. Tomates, laitues, concombres, haricots et poivrons sont assez faciles à faire pousser, et quoi de plus facile que d’aller au jardin chercher des ingrédients frais pour faire une salade ? Pour finir, je crois que le jardinage contribue au sens de l’apprentissage et de l’accomplissement : apprendre et parvenir à maitriser une tâche donnée peut favoriser la santé psychique, ce qui a des effets bénéfiques sur notre santé en général [20]. Le jardinage est une activité qui enseigne ce qu’est un but et le moyen d’y parvenir, et qui fait souvent du monde un endroit plus beau et plus vivable.

Tout le monde ne dispose pas d’un terrain à consacrer à un jardin florissant, et si vous êtes comme mon mari, « avoir la main verte » consiste surtout à sortir la tondeuse quand l’herbe arrive à hauteur des genoux. Cela dit, pour tous ceux qui sont à la recherche de soins naturels et préventifs, le jardinage est une forme de thérapie simple et efficace, aux multiples avantages. Améliorer la santé physique et psychologique, tel est le but de tous les professionnels de santé, et prescrire un peu ou beaucoup de jardinage peut être un moyen d’y parvenir, et constitue une promesse de bien-être pour le patient aussi bien que pour la communauté locale.
Alors, n’ayez crainte : prenez votre pelle, votre terreau et quelques graines, et commencez à jardiner ; la méthode viendra avec la pratique. Et si vous avez besoin de moi, je serai au jardin !