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Notre « part d’ombre » De l’importance pour la santé d’exprimer ses émotions négatives

Aoife Earls
MSc, ND
http://www.draoife.com
16 March 2019
Français

De l’importance pour la santé d’exprimer ses émotions négatives
Dr. Aoife Earls MSc, ND
345 Lakeshore Rd E Suite 212, Oakville, ON L6J 1J5
www.draoife.com







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On s’attend généralement à ce qu’une personne malade soit triste ou déprimée, en raison de son état physique. Mais la réciproque est également vraie : un sentiment de tristesse, de perte, d’accablement peut accentuer des affections telles que le syndrome du côlon irritable, les maladies cardiovasculaires (attaques cardiaques, AVC), ou la douleur physique chronique.

Les émotions constituent une part essentielle de nos interactions sociales. Les émotions positives, comme l’amour, sont favorisées par l’ocytocine, qui renforce le sentiment des mères envers leurs enfants et celui des femmes (encore plus intensément) envers leurs partenaires romantiques ; la vasopressine, une hormone, entretient la connexion et la communication sociales ; et la sérotonine, un neurotransmetteur, contribue aux sensations de joie et de sérénité. Les émotions négatives sont aussi liées aux relations sociales : la colère a à voir avec les limites, la peur avec la sécurité.

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Au plan physique, ces états émotionnels affectent à long terme notre santé. La gratitude, la joie ou l’émerveillement rétrécissent l’amygdale, une région du cerveau associée à la peur, et peuvent réduire le taux d’un marqueur inflammatoire comme l’IL-6, souvent observé dans les affections inflammatoires chroniques telles que l’arthrite, les troubles cardiovasculaires et les maladies auto-immunes. À l’inverse, les états émotionnels négatifs intenses et durables, tels que la dépression ou l’anxiété, peuvent provoquer des troubles cardio-métaboliques et des crises cardiaques, des douleurs chroniques et d’autres affections en augmentant ce même taux d’IL-6 ou d’autres marqueurs comme le TNF-alpha, le cortisol ou l’adrénaline.

Il est irréaliste de croire que nous pouvons éviter toutes les émotions négatives, car elles nous protègent en cas de situation vraiment stressante, comme l’entrée d’un ours dans notre tente, ou lorsqu’il faut s’échapper d’un immeuble en feu. Dans ces cas-là, nous avons besoin de la peur, de l’adrénaline et du cortisol.

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Mais au quotidien, il convient de contrôler nos émotions. Notre cortex frontal peut parfois utiliser la peur et la colère extrêmes là où elles ne se justifient pas, comme en voiture, au bureau ou dans l’éducation des enfants, par exemple, dans des situations où beaucoup se sentent dépassés, frustrés, et perdent le contrôle. La thérapie cognitivo-comportementale a montré beaucoup d’efficacité pour recadrer les schémas de pensée négatifs, les idées-catastrophe et les cercles vicieux de négativité. Il est pourtant difficile, en cas de forte émotivité, d’apprendre à surmonter les émotions négatives intenses, notamment le souvenir d’évènements traumatisants. Même guérie d’un traumatisme, une personne peut avoir des flash-backs pendant de nombreuses années en raison de la façon complexe dont le cerveau stocke les souvenirs, ce qui augmente la nécessité d’un contrôle et d’un soutien émotionnel.

La régulation émotionnelle se fait aujourd’hui sur une base individuelle, grâce à un cocktail de stratégies adaptatives : recadrage psychologique et psychothérapique des schémas de pensée négatifs, respiration profonde, méditation et pleine conscience, pensée positive, thérapie olfactive ou aromathérapie, activité physique (course, yoga, marche à pied), éco-thérapie, supplémentation et prise d’antidépresseurs. L’efficacité de ces différentes stratégies varie selon les personnes.

Le fait de disposer d’une stratégie de contrôle des émotions avant un évènement stressant (ou un évènement déclencheur) permet une meilleure maitrise de soi, une réduction plus rapide de l’intensité des émotions pénibles, et peut-être de la perception de l’impact de ces émotions sur notre expérience.

Mais que se passe-t-il si ces états émotionnels intenses nous avertissent de problèmes dont nous voulons rester conscients ? Par exemple en présence d’un collègue narcissique qui affecte nos relations avec la hiérarchie, ou d’un conjoint qui cache des dépenses, créant des tensions au sein du couple et menaçant la sécurité de la famille. Les émotions suscitées par ce type de situation ou d’évènement peuvent survenir avant que la personne n’en prenne conscience ou ne puisse l’exprimer, souvent sous forme de malaise ou d’anxiété. Un examen attentif de l’environnement social est important pour mettre au jour ces facteurs. Des signes d’anxiété peuvent être justifiés, de même que la colère, comme moyen d’autodéfense. Les stratégies d’adaptation sont souvent appréciables pour contrôler les états émotionnels intenses, mais risquent de nous faire oublier l’utilité première des émotions : elles servent à nous protéger socialement, à nous préserver de toutes sortes de maux, et nous permettent de nous en sortir. emotions Tous les facteurs de stress, même émotionnels, ne sont pas négatifs, même si nous les percevons comme tels. Réprimer ses émotions peut conduire à la perte de soutien, à l’isolement social, et finalement avoir des conséquences plus négatives que le fait de ressentir l’inconfort du deuil, de la colère et de la peur [11].

Les émotions négatives peuvent donc être vues comme une indication qu’il convient d’explorer plus attentivement, plutôt que de simplement craindre leur intensité. Quel message nous donnent-elles ? De quoi nous préviennent-elles ? Nous n’exploitons pas assez le potentiel de guérison et d’avertissement de nos émotions, et peut-être la crainte qu’elles suscitent chez nous doit-elle évoluer vers l’intérêt et la reconnaissance.