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Le trouble de la personnalité limite - Apprendre à se calmer à temps

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Le trouble de la personnalité limite
Apprendre à se calmer à temps

by Ashley Nelson, ND
www.ashleynelsonnd.com



Borderline Personality Disorder

Arrière-plan

Un comportement humain « normal » peut être défini comme la capacité à rester stable dans un monde instable. Dans nos sociétés modernes trépidantes, le fait de rester calme, posé et équilibré dans des circonstances non idéales est souvent ce qu’on attend de nous. Si la plupart des gens sont capables de s’adapter aux aléas de l’existence, qu’en est-il de ceux qui, pour une raison quelconque – que ce soit la génétique, un ancien traumatisme, un déséquilibre biologique, un manque affectif, l’échec d’une étape développementale, etc. – sont incapables de réagir de cette façon ? Qu’en est-il de ceux qui ne parviennent pas à avoir des relations sociales, à qui manque le sens de leur sécurité personnelle, qui réagissent de façon impulsive et souvent destructrice aux situations stressantes ? Ces personnes sont atteintes de ce qu’on appelle le « trouble de la personnalité limite » (TPL).

Borderline Personality Disorder

Le TPL est défini comme un type d’instabilité dans de multiples circonstances de la vie. Les personnes atteintes de ce trouble ont souvent des problèmes de régulation émotionnelle et supportent mal les situations anxiogènes. Elles réagissent par l’impulsivité, l’automutilation et des tentatives de suicide. Elles ont généralement un sentiment de vide intérieur, des sautes d’humeur, et peuvent éprouver dissociation et paranoïa. Une sensation d’abandon, réel ou perçu, est un élément déclencheur majeur pour les personnes atteintes du TPL. Elles peuvent alors réagir par la colère, et tolèrent difficilement ce type d’expérience. Des comportements d’automutilation peuvent alors survenir, procurant un soulagement temporaire des émotions négatives, et permettant d’attirer l’attention – que ce soit celle du personnel médical, de la famille ou des amis. Bien que la solitude puisse être intolérable pour les personnes souffrant du TPL, leurs relations ont tendance à être instables et chaotiques, oscillant entre l’idéalisation et la dévalorisation. Leur perception d’elles-mêmes ne vaut guère mieux. Elles souffrent de problèmes d’identité, et peuvent provoquer des changements soudains et spectaculaires dans leur vie (1).

Bien qu’il n’y ait pas de réponse claire à la question de savoir pourquoi certaines personnes développent ce trouble, il existe quelques théories :

  • Biologique : le TPL est cinq fois plus répandu entre parents du premier degré (2).
  • Psychologique : un contexte familial dur et des traumas précoces sont plus courants dans le TPL (2).
  • Développementale : pour Marsha Linehan, une psychologue créatrice de la thérapie comportementale dialectique (prévue à l’origine pour traiter le TPL), ces personnes présentent une dérégulation de la réponse émotionnelle. Elles sont de ce fait émotionnellement plus sensibles, sont incapables de réguler leurs émotions et ont un retour plus lent à leur état émotif de base (3). Cela serait dû à une absence de validation de l’expression émotionnelle au cours de l’enfance, entrainant l’échec de la résolution de problèmes concernant les expériences émotionnelles.
  • Perspective naturopathique : toutes ces explications sont probablement valables. Des prédispositions constitutionnelles et génétiques associées à des expériences traumatiques, en l’absence de cadre permettant un apprentissage de la gestion émotionnelle : telle est sans doute la « recette » des symptômes éprouvés par les personnes souffrant du TPL. Dès lors, la question n’est pas : « Pourquoi sont-ils comme ça ? », mais plutôt : « Comment ne le seraient-ils pas ? ». C’est là le point focal de la thérapie comportementale dialectique (TCD) utilisée contre le TPL (4).
Borderline Personality Disorder

La thérapie comportementale dialectique est construite autour des concepts conjoints d’auto-acceptation et de volonté de changement (4). Elle aborde de façon progressive les difficultés rencontrées par les personnalités-limites, et présente les comportements et les actes des patients en fonction des facteurs individuels et d’éventuels traumatismes. La compréhension et l’acceptation de leur modèle de comportement et de défense leur permettent d’assumer leurs choix sans honte ni culpabilité. « Je fais de mon mieux pour le moment, et je vais continuer à travailler pour m’améliorer » est une posture encouragée par les thérapeutes en TCD (4). Des techniques permettent d’accéder à la pleine conscience, utilisée pour prévenir le déchainement émotionnel. Ce sont là des concepts importants, qui seraient utiles à beaucoup d’entre nous !

D’autres approches conventionnelles du TPL incluent des traitements tels que des antidépresseurs ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine), des benzodiazépines sédatives, ainsi que l’hospitalisation lorsque les patients présentent un risque aigu.

En raison des soubassements biologiques de ce trouble et du lien indissociable entre corps et esprit, il semble logique, en plus de la TCD, de traiter l’organisme dans son entier. Les médicaments psychotropes ayant leurs limites, les traitements et les approches holistiques et naturelles peuvent constituer un atout considérable pour lutter contre le trouble de la personnalité limite.

Dans la plupart des troubles psychiatriques, le stress est un facteur déclencheur primordial, incitant la maladie à pointer son museau. Or la médecine naturopathique propose des moyens efficaces pour contrôler le stress :

Nutrition : le maintien de l’équilibre glycémique et la consommation de bonnes graisses et de protéines adéquates sont essentiels pour la régulation émotionnelle et énergétique.

Adaptogènes : des plantes comme Rhodiola, Withania, et Scutellaria peuvent être utiles aux personnes ayant une personnalité-limite. En plus de la régulation globale du cortisol et de la réponse au stress, ces plantes peuvent apporter chacune une aide supplémentaire. Rhodiola, par exemple, en plus de son rôle pour améliorer la résilience et réduire le taux de cortisol et l’activité de l’axe HPA (réponse au stress) semble également moduler les neurotransmetteurs, améliorer la neurotransmission et inhiber la dégradation des neurotransmetteurs (de la même façon qu’un antidépresseur) (5). Ce qui en fait une plante très utile contre la dépression, l’anxiété, et l’épuisement physique et psychique.

Borderline Personality Disorder

Mode de vie : un mode de vie non stressant incluant un sommeil suffisant, un environnement social positif, du temps passé à l’extérieur, de l’exercice physique et des activités réparatrices telles que les soins personnels ou le yoga, sont les bases d’une bonne régulation émotionnelle.

Vitamines et minéraux :

La vitamine C semble améliorer la réponse psychique au stress aigu.

Le magnésium, qui a tendance à être épuisé par le stress émotionnel, est utile pour apaiser le système nerveux et soulager la tension musculaire.

La vitamine B5 est nécessaire à une bonne réponse au stress, et ses réserves ont aussi tendance à être épuisées par un stress aigu ou prolongé.

Outre la gestion du stress, la médecine naturopathique propose d’autres traitements :

Les acides gras oméga-3 ont démontré des propriétés de réduction de l’impulsivité. Ils permettent également de soulager la dépression et l’anxiété auxquelles sont exposées les personnes atteintes de TPL (6).

Le Yi gan san (apaisant hépatique au Bupleurum) est une préparation de plantes de la médecine traditionnelle chinoise (MTC). On l’utilise en cas d’agressivité, de mauvaise humeur et d’agitation chez l’enfant. Quelques essais cliniques ont montré son efficacité contre le trouble de la personnalité limite. Du point de vue de la MTC, cette préparation conviendrait mieux aux personnes présentant des déséquilibres hépatiques (7).

Borderline Personality Disorder

Homéopathie : plusieurs remèdes pourraient être utiles contre le TPL. Plus les symptômes se rapprochent de la description du remède, plus celui-ci sera efficace.

Aurum convient aux patients atteints du TPL qui souffrent de dépression et frustration graves. Cette dernière est souvent due à la perception d’un échec ou d’un objectif professionnel non atteint, ou à un deuil ou une déception amoureuse. Les patients perdent souvent leur désir de vivre et sont attirés par le suicide.

Chamomilla : les patients sont très irritables, colériques et hostiles. Ils sont sujets à de brusques explosions de colère qui rendent toute vie sociale difficile. Ils sont vus comme étant « capricieux ». Ils changent d’avis de façon inattendue, réclament des choses qu’ils rejettent une fois qu’ils les ont obtenues. Ils sont également hypersensibles à la douleur.

Crocus sativa : un important remède contre les sautes d’humeur. Les personnes peuvent aller d’un extrême à l’autre, passer de la joie, l’affection, la danse et le rire à une grande irritabilité, à la violence et à la tristesse.

Ignatia : remède bien connu en cas de deuil, Ignatia est également utile contre les sautes d’humeur dans le TPL. Une personne ayant besoin d’Ignatia sera hypersensible, et objet de frustrations, mais incapable de libérer ses émotions. Elle pourra, en conséquence, devenir grossière, être sur la défensive, avoir des relations orageuses, et une humeur passant du rire aux larmes. Ce remède peut aider à se détacher du chagrin et de la tristesse.

Lilium tigrinum : destiné à ceux dont l’entourage a le sentiment qu’il doit marcher sur des œufs, ces personnes particulièrement exposées à la colère hystérique étant hypersensibles (pouvant se vexer de n’importe quoi) et irritables. Elles ont un sentiment d’urgence, de dépression et de dispersion, pouvant alterner avec l’amabilité, et même l’hypersexualité.

Bien que la santé psychique soit un domaine complexe et difficile, il existe bien des options et des possibilités pour ceux qui souffrent. Les personnes atteintes du trouble de la personnalité limite doivent être capables d’explorer leurs émotions, leurs comportements et leurs actes de façon empathique, curieuse, et libre de tout jugement. Relier les différents éléments, connaitre les facteurs déclencheurs et analyser les caractéristiques uniques de leur expérience aidera non seulement ces personnes à choisir la bonne thérapie, mais leur apportera une compréhension plus profonde d’eux-mêmes, ainsi qu’une tolérance et une résilience émotionnelle. Après tout :

« Vivre, ce n’est pas attendre que l’orage passe, c’est apprendre à danser sous la pluie ».

—Vivian Greene.