Les produits de la santé naturels durant la grossesse

Partie I: Les produits de la santé naturels durant la grossesse

Un champ d’étude émergeant est dédié à l’étude de l’impact des facteurs de la vie précoce incluant la nutrition sur le développement des maladies plus tard dans la vie. Les origines fœtales des maladies adultes sont un champ d’études dévoué à l’investigation du lien entre les conditions maternelles/fœtales durant la vie prénatale et le risque des maladies chroniques d’âge adulte. Malgré que ce lien est intuitivement sensé, l’étendue de son influence ne fut réalisée que relativement récemment.

Le bilan de santé de la progéniture de plusieurs groupes des femmes, incluant les femmes enceintes durant de tels désastres comme la famine hollandaise (1944) est documenté depuis environ 20 ans.⁽¹⁾ Dr Barker, un des pionniers de cette recherche et d’autres ont publié plusieurs études démontrant les associations entre le bas poids à la naissance et le risque accru des maladies cardiovasculaires, de la tension artérielle élevée et du diabète à l’âge adulte.^(2-5) On pense que les bas poids à la naissance sont une réaction adaptative aux conditions d’apport nutritif bas et/ou des taux de stress maternel élevés in utero. Ces facteurs influencent la programmation du fœtus durant le développement et en particulier la programmation des parties du cerveau qui contrôlent la réactivité au stress tel l’axe hypothalamique – pituitaire – surrénal (HPS).^(6,7) Ceci entraine une réactivité hyper sensible chez la progéniture. En effet, les études ont démontré que la progéniture avec un poids à la naissance plus bas a affiché des taux de cortisol (l’hormone du stress) plus élevés durant la période adulte.

Plus récemment, la tension artérielle élevée chez la mère durant la grossesse a été associée au nombre accru des signalements de problèmes cognitifs lorsque la progéniture atteint la vieillesse⁽⁹⁾ et que le taux élevé du sucre sanguin durant la grossesse ou diabète gestationnel a été associé au taux de cholestérol élevé, à une inflammation de faible intensité des vaisseaux sanguins ainsi qu’à l’état nommé dysfonctionnement endothélial, tous indiquant un risque de maladies du cœur.^(10,11) Les études animales ont fourni encore plus d’information concernant l’adaptation du fœtus à un environnement adverse in utero et comment ces adaptations influencent à leur tour le risque de maladies plus tard dans la vie.

Malgré que l’axe de ce champ d’études fascinant ne soit certainement pas limité aux facteurs nutritionnels, le concept que l’environnement de la vie précoce programme fortement la santé de toute la vie dès le stade bébé et illustre clairement l’importance d’une bonne alimentation durant la grossesse. De plus, la supplémentation avec une gamme d’agents naturels s’est avérée influencer le développement des systèmes nerveux et immunitaire de façon à réduire le risque de maladies spécifiques de l’enfance. Un excellent exemple de ceci est l’acide folique et l’usage d’un supplément prénatal multivitaminé.

L’acide folique est vastement reconnu pour son effet réducteur des risques des anomalies du tube neural. Plusieurs recherches étudiaient les bienfaits de la consommation d’un supplément prénatal multivitaminé. Les méta-analyses ont démontré qu’une consommation de ces suppléments est associée à un risque significativement réduit de cinq autres anomalies de naissance incluant également les anomalies du cœur, en plus de réduire le risque de trois cancers pédiatriques incluant la leucémie et les tumeurs cérébrales.^(12,13)

Dans la Partie II, nous parlerons de l’influence du régime alimentaire maternel sur le bilan de la santé de sa progéniture. Dans les parties suivantes, nous parlerons des effets des acides gras oméga-3 et des probiotiques, lorsque consommés durant la grossesse.

Partie II : Le régime alimentaire durant la grossesse

Dans la Partie I, nous avons revu le concept des origines fœtales des maladies d’âge adulte. Ce champ d’études met l’accent sur l’influence critique des facteurs nutritionnels/environnementaux in utero sur la programmation fœtale et sur le risque des maladies chroniques chez la progéniture. Gardant en tête l’importance de l’alimentation, on peut se questionner : qu’est-ce qui compose un régime alimentaire sain durant la grossesse?

Le régime alimentaire méditerranéen consiste en une consommation accrue des aliments suivants : les fruits et les légumes, les grains entiers, les acides gras oméga-9 (huile d’olive), les acides gras oméga-3 (huile de lin, poisson) et les noix, ainsi qu’une réduction dans la consommation des aliments transformés/raffinés et des gras saturés d’origine animale.^(1,2) Le régime alimentaire méditerranéen est reconnu surtout pour ses bienfaits bien documentés dans les contextes de maladies du cœur et de la gestion du poids. Plus récemment, il a été étudié pour ses effets durant la grossesse avec des résultats surprenants.

Suivre le régime alimentaire méditerranéen durant la grossesse a été associée avec un risque amoindri de sifflement respiratoire, de l’asthme et de la rhinite chez les enfants⁽³⁾ ainsi qu’un risque moindre de naissance prématurée.⁽⁴⁾ Le sifflement respiratoire, l’asthme, l’eczéma et la rhinite (les écoulements du nez chroniques) sont des conditions atopiques, voulant dire qu’elles résultant d’une hyper sensibilité du système immunitaire. Ce dernier est fortement influencé par des facteurs durant la grossesse.

Une étude regroupant plus de 1700 enfants d’âge préscolaire trouvait qu’une adhérence maternelle plus étroite au régime alimentaire méditerranéen durant la grossesse était associée à une diminution de 33% du risque de sifflement respiratoire.⁽⁵⁾ Une étude espagnole similaire démontrait qu’une adhérence au régime alimentaire méditerranéen était protectrice des sifflements respiratoires persistants, atopiques et d’atopie lorsque l’enfant atteignait six ans.⁽³⁾ Inversement, les enfants des mères qui avaient une faible consommation de légumes à feuilles avaient une augmentation de risque de sifflement respiratoire de 50%.⁽⁶⁾

Une étude danoise suivant plus de 35 milles femmes démontrait qu’une adhérence au régime alimentaire méditerranéen durant la grossesse était associée à une réduction de 40% du risque de naissance prématurée et à un risque réduit de 70% de naissance prématurée.⁽⁴⁾ Dans cette étude, l’adhérence au régime alimentaire méditerranéen était définie tel : la consommation de poisson deux fois par semaine ou plus, l’utilisation de l’huile d’olive ou de tournesol, la consommation de cinq fruits et légumes ou plus par jour, la consommation de viande (autre que la volaille et le poisson) au plus deux fois par semaine et la consommation d’au plus deux tasses de café par jour.

En plus du régime alimentaire général, certains aliments ont démontré des effets protecteurs. L’huile d’olive contient l’acide gras oméga-9 aussi appelé acide oléique. Cette composante a des effets anti-inflammatoires et cardioprotecteurs.⁽⁷⁾ Dans une étude espagnole de plus de 1400 nouveau-nés et leurs mères, une consommation plus importante d’huile d’olive durant la grossesse était associée avec une réduction de plus de 40% du risque de développement du sifflement respiratoire.⁽⁸⁾ Dans la Partie IV, nous parlerons également des bienfaits de la consommation du poisson et d’huile de poisson. En premier lieu, nous parlerons cependant des effets des probiotiques sur le développement du système immunitaire (Partie III).

Partie III : Les probiotiques durant la grossesse et le développement immunitaire

Dans la Partie II, nous avons parlé de l’impact du régime alimentaire méditerranéen durant la grossesse sur le développement d’atopie chez les enfants. L’atopie est une des conditions les plus communes de l’enfance. Souvent, elle persiste jusqu’à l’âge adulte et il est donc important de considérer des stratégies de prévention surtout s’il y a des antécédents familiaux d’atopie ou de maladies allergiques.

L’atopie est un terme qui chapeaute nombre des maladies, toutes partageant un même processus de base. Typiquement, ces maladies se développent durant la vie précoce, avec l’eczéma apparaissant durant la première année de vie, suivie des sifflements respiratoires/asthme lorsque l’enfant atteint l’âge de six ou sept ans. Les allergies saisonnières ou environnementales surgissent souvent durant l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Cette progression est nommée « la marche atopique ». Toutes ces maladies partagent un thème commun en étant toutes des conditions d’hyper sensibilité immunitaire. Ceci signifie que le système immunitaire réagit aux déclencheurs ou aux allergènes dans l’environnement qu’il doive normalement tolérer, par exemple la poussière ou le pollen.

Par exemple, une étude récente démontrait qu’une administration d’une combinaison des souches de Lactobacillus et de Bifidobacterium à la mère, deux mois avant l’accouchement et pendant deux mois suite à la naissance résultait en un risque réduit de moitié d’eczéma chronique durant les deux premières années de vie, comparativement aux bébés dont les mères ont reçu le placebo.⁽¹⁾ Une autre étude examinait l’effet de l’administration de probiotique (Lactobacillus) un mois avant la naissance et jusqu’à six mois après la naissance.⁽²⁾ Cette étude a déterminé des effets protecteurs contre le développement d’eczéma ainsi que de la rhinoconjonctivite (des écoulements nasaux et oculaires allergiques), cet effet perdurant jusqu'à quatre ans mêmes si le probiotique dans ce cas fut discontinué à l’âge de six mois.

Il peut sembler étrange à première vue que les bactéries vivant dans les intestins puissent « entrainer » le système immunitaire qui agit à travers le corps! En effet, il existe une grande population de cellules immunitaires spécialisées vivant dans les intestins. Les bactéries interagissent avec ces cellules afin de les assister dans leurs réactions aux aliments variés et aux autres protéines qui se présentent au système immunitaire.⁽³⁾ L’administration des probiotiques durant la grossesse s’est avérée changer l’expression des gènes récepteurs de type Toll (TLR) de l’intestin fœtal.⁽⁴⁾ Ces gènes sont critiques au signalement approprié entre les cellules immunitaires. Ce système étonnant illustre la belle complexité du corps humain!

Prochainement, nous parlerons des effets de l’huile de poisson durant la grossesse…

Partie IV : Les acides gras oméga-3 durant la grossesse

>Dans les sections antécédentes, nous avons parlé des effets du régime alimentaire maternel et de la supplémentation probiotique sur le développement immunitaire précoce. Dans cette partie, nous discuterons de l’effet de la consommation du poisson et de l’huile de poisson. L’huile de poisson module le développement immunitaire et cognitif.

Les acides gras oméga-3 dérivés du poisson incluent l’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexénoïque (DHA). L’EPA et le DHA offrent tous deux des effets anti-inflammatoires, pendant que l’EPA apporte un effet sur la régularisation de l’humeur et le DHA est une composante structurelle du cerveau et de la colonne vertébrale ainsi que de la rétine oculaire.^(1,2)

Des études d’envergure ont démontré qu’une consommation maternelle accrue de poisson peut réduire le risque d’asthme infantile et d’autres maladies atopiques. Une étude de plus de 28 milles femmes danoises trouvait que la progéniture des femmes consommant du poisson plus de deux à trois fois par semaine durant la grossesse a réduit le risque d’asthme, d’hospitalisation pour cause d’asthme et de la médication contre l’asthme, comparativement aux enfants dont les mères ne consommaient jamais du poisson.⁽³⁾ Une autre étude trouvait que les enfants des mères ayant des taux d’acides gras oméga-3 plus élevés dans le lait maternel avaient un risque réduit d’atopie infantile.⁽⁴⁾

On pense que le dérèglement fœtal des cellules immunitaires appelées cellules T auxiliaires (TH) prédispose aux allergies et les taux élevés de cellules TH2/TH1 dans le sang du cordon ombilical se sont montrés accélérer le développement des maladies allergiques.⁽⁵⁾ Une étude de 98 paires mère-bébé démontrait que ceux qui ont reçu une supplémentation d’huile de poisson durant la grossesse affichaient des taux inférieurs de substances chimiques inflammatoires spécifiques, soit des cytokines produites par ces cellules T dans le sang du cordon ombilical à la naissance.⁽⁵⁾ Ceci démontre que l’administration d’huile de poisson commence à affecter le développement du système immunitaire dès la naissance et qu’elle peut protéger contre les maladies allergiques.

Les acides gras dérivés du poisson, surtout le DHA, sont aussi critiques au développement neural du fœtus. Une revue d’Harvard estimait qu’ « augmenter l’apport maternel d’acide docosahexaénoïque (DHA) de 100 mg/jour augmente le quotient intellectuel de l’enfant par 0,13 points ».⁽⁶⁾ La supplémentation d’huile de poisson durant la grossesse s’est avéré obtenir les résultats suivants : une coordination oculomanuelle considérablement meilleure, une meilleure performance lors des tests de résolution de problèmes et des meilleurs résultats aux tests de compréhension et de traitement mental.^(7-9) D’un autre côté, un apport de poisson faible a été associé aux résultats moins qu’idéaux pour le développement de la communication, de la motricité fine et le développement social.⁽¹⁰⁾

Puisqu’il existe quelques controverses quant à une exposition potentielle au mercure lors d’une consommation fréquente du poisson durant la grossesse, la supplémentation d’huile de poisson pourrait s’avérer une meilleure alternative. Un minimum de 300mg de DHA est recommandé durant la grossesse, cependant ceci devrait être équilibré par une quantité double d’EPA afin de protéger l’humeur maternelle. La grossesse prépare les fondations d’une santé pour la vie de la progéniture et les femmes enceintes devraient être encouragées à s’assurer d’obtenir une nutrition optimale en ce temps critique.