Gérer une toux chronique - Perspectives neuropathiques

La toux est un des motifs de consultation chez le médecin les plus courants. La toux est un symptôme gênant, bruyant et susceptible de perturber le sommeil d’une famille entière. Avec la plupart des infections virales, la toux peut durer jusqu’à 2 semaines après la disparition de l’infection. En revanche, lorsqu’une toux dure plus de 8 semaines, cela nécessite un examen plus approfondi[1].

La toux est une irritation qui déclenche un réflexe pulmonaire. L’irritant stimule des récepteurs dans la gorge ou les voies respiratoires. Cela va signaler à un nerf qu’il doit envoyer un message au cerveau. Le cerveau va alors contracter tous les muscles de la poitrine et de l’abdomen pour forcer l’air à sortir des poumons (et, avec un peu de chance, l’irritant aussi !)[2]. L’irritant pourrait être un micro-organisme comme une bactérie ou un virus, une particule de poussière ou simplement du mucus s’écoulant de la cavité nasale située plus haut. Tout ce qui n’est pas censé se trouver là déclenchera une forme de réponse immunitaire.

Nos systèmes immunitaires sont vraiment merveilleux. Ils peuvent produire de l’excès de mucus afin de piéger la bactérie étrangère. Ils peuvent produire un puissant éternuement, afin d’expulser du mucus et des particules de poussière qui pourraient présenter un danger pour nous. Les systèmes immunitaires font monter la température pour créer un environnement dans lequel les microbes auront du mal à survivre. Ils sont très efficaces pour nous garder en vie – mais tout ce qu’ils mettent en œuvre pour y parvenir peut être particulièrement désagréable pour nous.

Il est très rare qu’une toux soit une simple toux agissant seule. La plupart des gens qui consultent le médecin pour une toux ont de multiples problèmes qui agissent en simultané. Les raisons les plus courantes de la toux chronique incluent ce qui suit :

Le terme « écoulement post-nasal » fait uniquement référence à la production de mucus, dans la cavité nasale, qui se déverse dans l’oropharyngée (à l’arrière de la bouche et de la gorge) et les voies respiratoires inférieures. Cette définition ne nous indique pas pourquoi du mucus est arrivé là. Une rhinite chronique ou une inflammation nasale, dues à des allergies, font partie des déclencheurs les plus courants[3]. Les allergies saisonnières peuvent déclencher du prurit nasal pendant des mois, tandis que les allergies environnementales peuvent continuer toute l’année. Cela peut inclure des allergènes comme de la poussière, de la moisissure et des squames d’animaux. Un test allergologique par piqûre épidermique permettra de savoir quels allergènes doivent être évités, mais l’amélioration ne se produira qu’avec l’évitement complet de ces déclencheurs.

L’asthme est une des raisons de toux chronique les plus courantes chez les non-fumeurs. Il existe des formes d’asthme « classique » et « typique » qui se caractérisent par une difficulté à respirer, des sifflements et une douleur dans la poitrine. Dans cette forme, la toux signale le commencement d’une crise ou d’une manifestation d’asthme. En revanche, il existe une toute autre catégorie de « toux équivalent d’asthme », qui inclut une toux en-dehors des manifestations asthmatiques.

Chez les personnes atteintes de toux équivalent d’asthme, on pense que les déclencheurs sont présents de manière plus constante, mais en plus petite quantité[4]. Il pourrait s’agir d’un déclencheur environnemental comme ceux mentionnés ci-dessus. Cela cause une hyperréactivité bronchique ou un léger rétrécissement des voies respiratoires, ce qui signifie que les récepteurs de l’irritant sont prêts à signaler le réflexe de toux au cerveau. Le système immunitaire entier se tient en alerte et le moindre petit déclencheur provoquera une toux. Il est important de noter que ce sous-type d’asthme ne se manifeste pas avec un sifflement ou une gêne respiratoire. La toux peut se manifester à tout moment de la journée, mais elle est plus marquée pendant la nuit. Elle peut être atténuée avec des inhalateurs et des bronchodilatateurs, mais tant que le système immunitaire reste en alerte, la toux va persister[5].

Un RGO peut causer de la toux à lui seul. Un RGO combiné avec de l’asthme ou un écoulement post-nasal augmentera drastiquement l’intensité de la toux et rendra le traitement un peu plus difficile. Dans le RGO, le signal normalement envoyé au tube digestif pour qu’il referme le sphincter œsophagien inférieur (passage vers l’estomac depuis l’œsophage) ne se produit pas comme prévu. De l’acide provenant de l’estomac se répand dans l’œsophage et peut remonter jusqu’à la bouche. Cela peut se manifester de la même façon que des brûlures d’estomac ou être entièrement asymptomatique jusqu’à ce que l’acide remonte au niveau de la bouche. L’acide est corrosif et peut causer des lésions dans nos tissus. C’est la raison pour laquelle nous avons une épaisse couche de mucus qui recouvre l’intérieur de l’estomac. Mais lorsque de l’acide se répand dans l’œsophage, nous ressentons une brûlure car nous n’avons pas la même couche de mucus pour nous protéger. Au fil du temps, notre corps va apprendre à produire du mucus dans l’œsophage, lequel pourra être ressenti comme une grosseur à l’arrière de la gorge. Cela pourrait alors entrainer un besoin de se racler la gorge et s’accompagner d’une voix rauque ou enrouée. Cet excès de mucus peut agir comme un irritant et déclencher le réflexe de toux. En fonction des aliments consommés, du moment où ils sont consommés et de la manière dont ils sont consommés, cette toux de RGO pourrait se manifester toute la journée et toute la nuit.

En tant que docteurs en naturopathie, nous savons que l’évaluation d’un problème de santé nécessite un examen complet du patient. Une radiographie du thorax permettra d’écarter les diagnostics le plus inquiétants, ce n’est donc pas une mauvaise idée de commencer par cela. Surtout si le patient est un fumeur, a des antécédents familiaux de maladies pulmonaires ou présente une perte de poids importante ou non-expliquée en peu de temps.

Déterminer les antécédents de tabagisme et de tabagisme passif. Cela pourrait sembler évident, mais le tabagisme passif peut être tout aussi dangereux chez certaines personnes. Les poumons sont en mesure de se réparer lentement une fois que l’exposition est éliminée, mais quelques cicatrices resteront toujours présentes.

Prenez note de tous leurs traitements. Les inhibiteurs de l’ECA sont une classe de médicaments pour la tension artérielle, qui peuvent provoquer une toux sèche pendant des jours, voire des mois, après avoir commencé le traitement. Même après que le traitement soit terminé, la toux associée à l’inhibiteur de l’ECA peut persister jusqu’à quatre semaines.

Posez des questions sur les expositions environnementales et sur le lieu de travail. Beaucoup de gens passent plus de temps au travail qu’à la maison. Nos lieux de travail peuvent être poussiéreux et comporter de la moisissure, il peut y avoir une mauvaise circulation de l’air ou une sécheresse excessive. Tous ces facteurs peuvent déclencher une toux chronique chez une personne, surtout si elle y est exposée pendant plus de cinq heures par jour. Les mineurs de charbon, les ouvriers en construction et toute personne travaillant autour de particules de poussières fines sont sujets à des inhalations chroniques et présentent un risque élevé de développer une toux chronique.

Regardez ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Si vous prenez des antihistaminiques comme de la Reactine et que vous n’avez pas remarqué de différence, il ne s’agit probablement pas d’une réaction allergique. Dans ce cas, l’asthme et le RGO sont plus probables. Si un RGO est suspecté, un traitement avec des changements alimentaires et/ou des médicaments pour le reflux devraient éliminer la toux.

Évaluation de l’alimentation. Des changements dans l’alimentation et l’élimination de sensibilités alimentaires auront plus d’effet en cas de RGO et d’écoulement post-nasal. Les aliments épicés sont des déclencheurs avérés de reflux gastrique et ne devraient pas être consommés en grande quantité ou tard dans la soirée. Le sucre et les produits laitiers comptent parmi les plus grands agents producteurs de mucus et peuvent amplifier l’irritation à laquelle le système immunitaire est déjà soumis. Cela est particulièrement vrai pendant la saison des allergies, lorsque le système immunitaire est déjà en train de lutter contre des déclencheurs environnementaux. L’ajout de sucre et de produits laitiers à ce moment-là peut amener le système immunitaire à dépasser ses limites et créer des symptômes d’allergie très manifestes.

Bisglycinate de magnésium. C’est un de mes nutriments favoris pour les manifestations immunitaires et allergiques. Le magnésium est un micronutriment très apaisant. Il détend les voies respiratoires, atténue les réponses neurologiques intenses et réduit les suractivités immunitaires. Cela est à la fois efficace pour des manifestations d’asthme et d’écoulement post-nasal. N Acétylcystéine. Précurseur reconnu du puissant antioxydant glutathion, la N acétylcystéine aide à détendre les voies respiratoires et à réduire les sifflements. Cela est particulièrement vrai pour l’asthme, de quelque forme que ce soit, et elle peut être prise tout au long de l’année.

Humidificateurs et huiles essentielles. Une maison, un lieu de travail ou une chambre où l’air est sec peuvent être des déclencheurs de toux immédiats. En fonction de la ventilation du bâtiment, les dispositifs de chauffage et d’air conditionné peuvent réduire considérablement l’humidité d’une pièce. Si vous n’avez pas d’humidificateur, essayez d’étendre une serviette humide dans votre chambre à coucher. Si la serviette est entièrement sèche le lendemain matin, vous saurez qu’il faut rajouter encore plus d’humidité. Faites bouillir une casserole d’eau et posez-la sur une repose-plat à côté de votre lit. Ajoutez 1-2 gouttes d’eucalyptus ou de lavande dans l’eau fumante pour des bienfaits supplémentaires.

Les toux chroniques peuvent avoir un impact important sur vos activités quotidiennes. Elles peuvent perturber le sommeil, les exercices et même la productivité au travail. Un examen approfondi du corps entier peut aider à identifier la source et ses déclencheurs.