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L’inflammation aiguë dans l’activité physique et la guérison - Approches naturopathiques

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L’inflammation aiguë dans l’activité physique et la guérison - Approches naturopathiques

by Dr. Sarah King ND

Upper Beach Health and Wellness
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L’inflammation aiguë dans l’activité physique et la guérison - Approches naturopathiques


Introduction

L’inflammation aiguë fait partie de la réaction normale aux lésions tissulaires. Elle se définit généralement par la douleur, la rougeur, la chaleur, l’enflure et la perte de fonction [1] : tout ce qui interfère dans le mouvement physique. C’est donc naturellement quelque chose dont nous voulons nous débarrasser, afin de pouvoir retourner jouer et nous sentir plus à l’aise. Néanmoins, l’inflammation trouve son utilité à court terme et possède en soi un dessein précis.

À chaque blessure des tissus musculaires ou vasculaires, le système immunitaire réagit immédiatement et amène des globules blancs vers le site injurié, par l’augmentation de la vasodilatation et du flux sanguin. Les cellules y libèrent les médiateurs inflammatoires comme outils de résorption de la blessure. Cependant, il existe toujours une probabilité de blessure supplémentaire qui perturbe le processus de guérison, et alimente un cycle inflammatoire [2]. La restauration incomplète des tissus peut conduire à une variété de maladies chroniques, y compris les cancers .[1]

L’exercice et l’usure normale provoquent naturellement un certain degré d’inflammation. Les médiateurs inflammatoires, tels que les prostaglandines, sont normalement produits en réponse au mouvement répétitif des cellules tendineuses. Par exemple, participer à un ultra-marathon va naturellement produire des cytokines et des prostaglandines inflammatoires dans les tendons des pieds, des jambes et des hanches [3]. Ces mêmes prostaglandines sont aussi produites dès lors qu’on se blesse. Ces médiateurs, bien que participant des processus inflammatoires, favorisent aussi la guérison. Une partie du processus inflammatoire réside dans la reconstruction des tissus par les fibroblastes et la synthèse du collagène. L’inflammation s’avère bénéfique si les tissus peuvent récupérer et se réparer. Cependant, l’exposition à des facteurs de stress stimule l’inflammation chronique, ce qui peut causer des problèmes de santé chroniques.[4]

La réponse du corps au stress amène à la sécrétion de cortisol, qui aide normalement à réguler l’inflammation. Des niveaux faibles de cortisol agissent directement sur le facteur inhibant la migration des macrophages (MIF), une cytokine pro-inflammatoire, tandis que des niveaux plus élevés de cortisol conduisent à une diminution de la sécrétion de MIF (Samadi, 2015). Le MIF intervient dans la régulation à la hausse des médiateurs inflammatoires cyclooxygénase-2 (COX-2), et prostaglandines.

Récupérer est donc primordial, tant dans le cade de l’entraînement que pour un mode de vie stressant. Cela s’applique à la plupart des personnes physiquement actives, mais s’avère beaucoup plus difficile pour les athlètes professionnels qui s’entraînent généralement plus d’une séance par jour. Quoi qu’il en soit, la récupération est essentielle pour le bon fonctionnement du corps. Cependant, pour une personne qui s’entraîne en vue d’un événement ou d’une saison, la récupération devient souvent malheureusement « subjective ». Elle utilise alors les anti-inflammatoires pour prolonger des séances d’entraînement ou pour soulager son inconfort.


Inflammation aiguë L’inflammation aiguë dans l’activité physique et la guérison - Approches naturopathiques

Considérons l’inflammation aiguë au travers d’un exemple de cloques et de callosités. Disons que vous êtes nouvellement pratiquant de golf et que vous vous rendez pratiquer votre gestuelle. Alors que vous frappez les balles de golf, vos mains subissent une friction répétée sur la poignée du club de golf. À la fin de la journée, vous remarquez que cette friction a engendré des cloques. Vous décidez de laisser ces ampoules guérir parce qu’elles créent de la douleur ! Il s’agit d’inflammation après tout : rougeur, gonflement, augmentation de liquide dans une région douloureuse au toucher. Vous permettez ainsi aux tissus de se reformer au fur et à mesure que le liquide s’évacue. Enfin, votre peau repousse en dessous. Vous réaliserez plus tard durant votre saison de golf, ne plus souffrir d’ampoules comme au premier jour de pratique ; mais vous noterez que toutes les zones sur vos mains en contact avec des frictions répétées ont développé des callosités. Elles se sont développées comme moyen de protection. Avec l’expérience, votre peau a su que vous continueriez à endommager ces zones. La peau s’y est alors épaissie comme un bouclier protecteur. Dans cette perspective, l’inflammation à court terme vous sert. La clé réside dans la possibilité des tissus à guérir. Lorsque le tissu se rétablit de la blessure, il devient plus fort par augmentation du dépôt de fibrine et de collagène tandis que le tissu cutané se reconstruit.

Maintenant, imaginez qu’après cette première journée de golf, vous décidez de revenir le lendemain. Vous ressentez encore dans vos mains à vif la douleur, mais vous prenez quelques capsules d’ibuprofène pour gérer la douleur, et vous retournez pratiquer votre swing. Les cloques éclateront probablement, et laisseront les tissus à nu propices à l’infection. Vos mains pourront éventuellement commencer à saigner. Vous créerez de nouvelles cloques pour avoir ajusté votre prise, et à la fin de la journée (quand l’effet de l’ibuprofène se sera atténué) vous percevrez une douleur bien pire et avec plus de dommages aux tissus qu’en début de journée.

Ce processus peut s’apparenter à de nombreux types de stress ou de blessures. Le stress en soi représente en fait une bonne chose. Votre corps a la capacité de se rétablir du stress à court terme. Avoir à gérer ce stress et permettre au corps une complète récupération rendra son système plus fort au long terme. Le problème réside dans le stress chronique (exposition continuelle à des personnes ou des événements stressants), le surmenage, le manque de vacances et de repos, l’absence de méditation ou de technique de pleine conscience. Dans ces situations, le corps se trouve toujours en mode d’alerte élevée, et sécrète régulièrement du cortisol. À la longue, le corps s’épuise en énergie et des carences de nutriments clés apparaissent. Le sommeil, la méditation, le soin de soi, les vacances, etc. importent tous pour permettre au corps de récupérer et guérir. Les intégrer dans votre quotidien vous permettra de mieux gérer tout nouveau stress qui viendra à votre rencontre.


Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

Nous avons accès à d’innombrables produits pour diminuer l’inflammation, y compris l’ibuprofène, le naproxène et ASA (Aspirine®). Nous pouvons aussi facilement utiliser des analgésiques pour aider à soulager la douleur, ainsi que maintes préparations topiques, y compris l’arnica, le diclofénac et d’autres procurant des sensations chaudes ou froides. Toutefois, nous devrions peut-être reconsidérer comment employer ces produits dans l’optique de favoriser la guérison et le renforcement des tissus.

Les anti-inflammatoires en vente libre fonctionnent généralement en bloquant la cyclooxygénase (COX), une enzyme utilisée pour produire des prostaglandines à partir de l’acide arachidonique. Certains chercheurs ont montré que cette inhibition de la COX, en interférant dans la synthèse du collagène, peut en fait nuire à la guérison des tendons (Dakin, 2014). Bien qu’elle soulage temporairement la blessure, l’inhibition de cette voie inflammatoire ralentit le processus de guérison.

De fait, les AINS, médicaments les plus couramment prescrits pour l’inflammation, n’inhibent pas la production d’autres médiateurs immunitaires favorisant l’inflammation [5]. Chez les patients qui souffrent d’arthrose et de polyarthrite rhumatoïde, les AINS pourraient accentuer la dégradation du cartilage articulaire [5]. En outre, les AINS sont bien connus pour déclencher des effets secondaires graves, y compris des ulcérations gastriques et un risque accru de problèmes cardiovasculaires, notamment d’AVC .[6][7]

En résumé, certaines situations nécessitent un soulagement rapide de la douleur. Cela, en accord avec votre médecin, peut s’avérer pour vous le bon choix. Néanmoins, apprenez à mieux gérer l’usure quotidienne due à l’exercice, pour vous éviter de prendre des AINS et des analgésiques sur une base régulière, voire quotidienne. De nombreux outils praticables à la maison existent, ainsi que des thérapies naturelles pour atténuer les douleurs musculaires.


Résoudre l’inflammation par une saine guérison des tissus

Des entraînements d’intensité plus élevée nécessitent de la récupération intermittente, pour que le corps et ses tissus s’adaptent au stress physique. Souvent, les athlètes s’adaptent à de lourds programmes d’entraînement en utilisant des applications d’eau froide et des remèdes anti-inflammatoires. L’hydrothérapie par l’eau froide réduit le temps de récupération entre les séances d’entraînement, ainsi que la fatigue et la douleur musculaire post-exercice en évitant l’accumulation d’acide lactique .[8] Cela vaut également pour les sportifs non professionnels.

Acute Inflammation in Physical Activityand Recovery - Naturopathic Perspectives

L’hydrothérapie, en particulier l’alternance du chaud et du froid, est d’un grand support pour les foulures, les entorses, les contusions et les œdèmes 24 heures ou plus après la blessure [9]. L’alternance de l’eau chaude et froide dans une douche ou un bain contribue à stimuler le système immunitaire, la circulation et la guérison [9]. En règle générale, exposez votre corps, ou une partie, à de l’eau chaude de température inférieure à 110 °F — 44 °C, pendant 3 minutes ; puis passez à l’eau froide pendant 30 secondes. Répétez cette série 3 à 6 fois, toujours en terminant par l’eau froide (sauf dans les cas de polyarthrite rhumatoïde où le froid peut aggraver les symptômes). D’autres applications topiques comprennent les gels d’arnica et des préparations avec menthol ou capsaïcine, aux sensations respectivement froides et chaudes.

Vous trouverez dans les rouleaux de massage d’excellents outils pour aider à prévenir les douleurs musculaires (10), soit avec votre physiothérapeute, soit à la maison. Ces rouleaux très rentables, souvent en mousse, s’utilisent avec votre propre gravité afin d’appliquer des pressions sur des groupes musculaires spécifiques.


Curcumine et arthrite

L’arthrite implique une inflammation chronique, et décourage souvent les patients de l’activité physique en raison de la douleur. Les patients peuvent être sujets à des poussées de douleur aiguë selon l’activité physique, les mouvements et les articulations utilisées. Ceux qui souffrent d’arthrite devraient généralement bénéficier au long terme d’anti-inflammatoires naturels tels que les acides gras omégas-3, le resvératrol et la curcumine .[5]

La médecine indienne traditionnelle utilise la curcumine depuis des milliers d’années [5]. Ses actions anticancéreuses, anti-inflammatoires, antioxydantes et hépatoprotectrices ont été largement étudiées [1]. La curcumine induit une activité collagénase interstitielle (réparation tissulaire) et inhibe des médiateurs inflammatoires. Elle aide en outre à atténuer le stress oxydatif induit entre autres par l’exercice, en potentialisant les antioxydants contenus dans le sang .[11]

Acute Inflammation in Physical Activityand Recovery - Naturopathic Perspectives

Pour les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, la curcumine agit comme protecteur et anti-inflammatoire, car elle peut contrôler l’hyperplasie des fibroblastes synoviaux [5]. Dans les cas où l’utilisation d’AINS est justifiée (selon la blessure et la recommandation du médecin), l’utilisation simultanée de curcumine peut diminuer à une concentration plus sûre de principes actifs inhibiteurs de COX-2, la dose requise d’AINS [5]. Les patients souffrant de maux d’estomac trouveront son usage pertinent, car la curcumine n’engendre pas d’effets secondaires gastro-intestinaux, contrairement aux AINS .[5]


Conclusion

De nombreuses options existent afin de promouvoir la guérison des tissus. Les muscles doivent se reposer afin de récupérer, guérir et assurer leur fonction optimale. Pour les sportifs, leur performance en dépendra [12]. L’inflammation aiguë se définit comme processus autolimitant, et même si les AINS soulagent temporairement la douleur, ils ne bénéficient pas à la santé sur une base chronique ou régulière. Intéressez-vous aux méthodes alternatives de soulagement de la douleur, comme l’hydrothérapie. Elles incluent, entre autres, l’usage post-exercice des rouleaux de massage, une hydratation adéquate, des repos hebdomadaires réguliers, un régime alimentaire complet incluant diverses sources d’acides gras omégas-3. Elles vous aideront à guérir vos tissus et à prévenir de potentielles blessures.