La thérapie au laser de faible intensité : une option de traitement non invasive

Partie I : Qu’est-ce que la thérapie au laser de faible intensité?

Depuis le milieu du 20e siècle, la thérapie au laser de haute intensité et de chaleur intense est utilisée dans les applications chirurgicales d’ablation des tissus. ^[1] Malgré l’usage de la thérapie par laser depuis les années 1970 en Russie et en Europe ^[2], ce n’est qu’au début des années 1990 que l’on commença à utiliser la thérapie par laser en Amérique du Nord. En 2002, le premier dispositif pour la thérapie au laser eut l’approbation de la FDA. ^[2] Aujourd’hui, la thérapie au laser de faible intensité (TLFI) est un nouvel outil clinique employé par les médecins naturopathes, les médecins généraux et les spécialistes en réhabilitation et gagne du terrain rapidement vu sa nature non invasive, le grand éventail d’usages et son efficacité pour la stimulation de la réparation des tissus. La TLFI est utilisée pour le traitement de nombre de conditions incluant la douleur, les maladies dégénératives et les conditions cutanées.

Cette série de quatre articles se penchera sur la nature de la TLFI et sur ses usages. La Partie I se concentrera sur une description de la TLFI et sur son fonctionnement tandis que les sections suivantes décriront son utilité dans plusieurs conditions incluant la douleur sévère et chronique tels une blessure, des maux du bas du dos et la fibromyalgie.

La thérapie au laser de faible intensité (TLFI) réfère à l’usage des lasers ou des diodes électroluminescentes (DEL) afin de projeter une énergie de basse fréquence aux cellules ciblées ou aux tissus pour obtenir des bienfaits thérapeutiques. L’énergie peut être émise par ondes continues ou par pulsations. ^[3,4] Les dispositifs de laser prennent plusieurs formes et peuvent émettre la lumière de différentes longueurs d’onde, cependant ce sont les ondes spécifiques de lumière rouge ou de la lumière proche infrarouge qui se sont avérées offrir la gamme optimale pour la pénétration maximale des tissus. ^{[3,5, 6]} et les bienfaits thérapeutiques pour la douleur et la réparation des tissus. ^[7] Outre ces longueurs d’onde, trop d’énergie est perdue soit à cause d’absorption par d’autres cellules ou molécules présentes dans le corps ou à cause de la diffusion. ^[3] La TLFI est aussi connue sous l’appellation de laser à faible intensité, laser de faible puissance, laser froid ou doux, de la bio stimulation, de la photo bio modulation, de l’irradiation, de la thérapie aux protons à faible intensité et du laser à faible rendement. ^[3,4]

Est-ce sans danger?

La TLFI ne génère pas de chaleur destructive ni de radiation ionisante. La TLFI est non-invasive et dépendamment du dispositif utilisé, peut être appliquée en toute sécurité en clinique ou à domicile. Il existe cependant le besoin de protection contre les dommages aux yeux potentiels, selon le genre spécifique de dispositif laser utilisé et de la longueur d’onde de la lumière émise. ^[4] Les lunettes de sécurité sont donc requises pour les dispositifs laser de classe 3B et 4 afin d’éliminer ce risque. ^[2,4] Cette mesure de précaution prise, l’incidence d’effets secondaires demeure basse et ne s’est pas avérée différente du placebo lors des essais aléatoires et à double insu étudiant cette thérapie ^[4,8] dont les sujets ont signalé peu ou pas d’inconfort lors d’usage.

Les sections suivantes de cette série porteront sur la façon dont le laser agit sur les tissus du corps afin de soulager la douleur et de promouvoir la guérison, ainsi que sur les applications de la TLFI dans le traitement de la douleur chronique avec des taux d’efficacité fondés sur les données récentes.

Tout comme dans le cas de l’acupuncture, malgré la grande reconnaissance de son efficacité, cette thérapie est souvent difficile à comprendre par plusieurs. Dans cette section, nous parlerons des mécanismes de la TLFI pour le soulagement de la douleur et la promotion de la guérison des tissus.

Les effets thérapeutiques de la TLFI proviennent de l’émission des protons contenus dans le faisceau laser. Lorsqu’ils pénètrent les tissus ciblés, les protons stimulent électriquement les récepteurs variés qui se trouvent dans ces cellules. Lorsque ces récepteurs sont stimulés, une cascade d’évènements prend lieu et déclenche des processus biologiques spécifiques au niveau cellulaire. ^[1] Selon le type de récepteur stimulé, les réactions biologiques spécifiques sont suscitées auprès des cellules.

Plus de 50 essais contrôlés et aléatoires étudiant l’usage de la TLFI ont été publiés au cours des 15 dernières années dans les journaux médicaux révisés par des pairs, documentant les effets biologiques de la thérapie au laser et alimentant l’intérêt porté à ce traitement.

En 2004, une méta analyse de 43 essais révisés par des pairs étudiant l’usage de la TLFI pour la réparation des tissus et le contrôle de la douleur fut publiée. ^[2] Non seulement que la méta analyse trouvait un effet positif au traitement, mais en plus elle identifiait plusieurs effets du laser sur les tissus. Ces effets incluaient : une formation du collagène améliorée (une protéine structurale essentielle du tissu conjonctif), une augmentation de la vitesse de guérison, une force tissulaire accrue et une cicatrisation augmentée. ^[2,3] Les chercheurs ont aussi déterminé que toutes les trois phases de la réparation des tissus étaient affectées de façon positive par le traitement au laser soit l’inflammation, la prolifération cellulaire et la maturation tissulaire. En principe, la thérapie au laser promeut la guérison des blessures et des lésions par : a) l’accélération de la synthèse du collagène (protéine du tissu conjonctif), ^[3] b) l’accélération du processus inflammatoire nécessaire au nettoyage des débris et promouvant la guérison et c) l’amélioration de la force tissulaire durant et après la guérison. ^[2]

Une autre façon de laquelle la TLFI promeut la guérison est en augmentant l’apport énergétique aux cellules destiné à l’usage du processus de la guérison. Suite à tout type de blessure ou de traumatisme, les cellules musculaires ont une capacité de production de l’ATP réduite. ^[10] L’ATP est la molécule qui joue le rôle de « monnaie énergétique » aux cellules. Un véhicule suite à un accident offre une analogie pratique. Imaginons que l’accident fut causé par le tuyau d’essence qui n’apportait plus le pétrole nécessaire au fonctionnement du véhicule résultant en un ralentissement de la fonction et de la puissance du moteur. Voici entrer la TLFI qui augmente de façon efficace la production de l’ATP (soit le pétrole de l’analogie du véhicule en panne) qui par conséquent réactive les processus nécessaires au redémarrage du moteur et permet le rétablissement tissulaire.

Finalement, il est important de noter comment la TLFI ne fonctionne PAS. La TLFI ne produit pas de changements de température tissulaire des tissus ciblés, donc tout effet thérapeutique semble être non-thermique. ^[4] Aussi, l’énergie de cette région du spectre électromagnétique est non ionisante (c’est-à-dire différente de la radiation par exemple) alors elle ne présente pas de dangers associés à la lumière UV, tels les mutations de l’ADN ou le cancer. ^[5] Grâce à ces raisons, la thérapie au laser est sans danger, non invasive, sans douleur et peut être administrée dans une clinique. ^[6]

La TLFI possède le potentiel de réduction des effets néfastes d’une blessure, réduisant la douleur et modérant la sévérité de la blessure ainsi que stimulant les voies de réparation et de guérison. Maintenant que nous sommes conscients du fonctionnement de la TLFI dans le corps, nous allons examiner son usage pour la douleur chronique dans les Parties III et IV.

Maintenant que nous comprenons les effets du laser (Partie II), nous pouvons parler plus en détail des effets thérapeutiques démontrés sur les patients souffrant de douleurs chroniques. On prédit que la douleur chronique, soit une douleur perdurant plus de six mois, atteindra le statut d’épidémie dans les pays développés pendant les trois prochaines décennies vu la population vieillissante. ^[1] Les patients qui résistent à la surmédication contre la douleur avec des médicaments pharmaceutiques à cause du risque de dépendance ainsi que des risques associés à l’usage prolongé de ces médicaments pourront en bénéficier.

La thérapie au laser à faible intensité (TLFI) fut employée depuis plus de deux décennies pour la gestion de la douleur. ^[2,3] Les données cliniques préliminaires ont démontré une réduction de sensibilité des points de déclenchement à 15 minutes d’une application de la TLFI.^[4] La TLFI peut aider à gérer la douleur efficacement et en même temps minimiser la dépendance aux « antidouleurs ».

La fibromyalgie (FM) est un syndrome de la douleur complexe avec des facteurs de causalité multiples et des emplacements de la douleur diffusés dans le corps. Une étude contrôlée par placebo évaluait l’efficacité de la TLFI chez 40 patientes atteintes de FM. Dans ce cas, la FM fut défini par une douleur globale d’une durée d’au moins trois mois et par la présence d’au moins 11 points sensibles tels que mesurés avec un dispositif numérique de pression.^[3] Le groupe traitement reçut des traitements quotidiens de la TLFI pendant trois minutes sur chaque point sensible, pendant deux semaines et le groupe placebo reçut un traitement de faux laser (aucun faisceau laser émis). Des améliorations significatives ont été notées dans les deux groupes, mais le groupe laser a démontré des bienfaits remarquablement plus importants après le traitement par rapport à la douleur, aux spasmes musculaires, à la rigidité matinale et au compte des points sensibles. Aucun effet secondaire n’eut été signalé, suggérant ainsi que la TLFI est une option de traitement sans danger, efficace et non invasif pour les patients atteints de FM qui souffrent souvent de la douleur chronique et n’ont que des options limitées.

Une autre étude montrait que la TLFI était capable d’améliorer la douleur et la flexibilité du tronc, comparativement au faux laser, chez les femmes atteintes de FM,^[5] La thérapie au laser fut administrée deux fois par semaine pendant quatre semaines, avec sept points sensibles, localisés sur le cou, les épaules et le dos traités à chacune des sessions. En plus de l’amélioration de la douleur, les patientes ont remarqué une réduction de l’impact due la FM sur leur vie.

Comment est-ce que la TLFI modère la douleur? Certains des mécanismes de réduction de la douleur proposés incluent la réduction de l’inflammation,^[2] la réduction du stress oxydatif et de la fatigue musculaire,^[6] l’inhibition des signaux indiquant la douleur aux nerfs ^[7,4] et l’augmentation des taux de sérotonine, soit l’hormone du bien-être entrainant un sentiment de bien-être.^[1]

Ainsi, ces données récentes suggèrent que la TLFI peut être une option de traitement de la douleur possible peu coûteuse et efficace comparativement aux médicaments pharmaceutiques, mais sans le profil des effets secondaires et offrant un bienfait à plus long terme que les interventions pharmaceutiques. Demeurez des nôtres pour la Partie IV où nous parlerons des douleurs lombaires.

Dans les nations industrialisées, les douleurs lombaires, soit lombalgies, sont une des raisons les plus communes de consultation chez un médecin^[1] et on estime que les lombalgies affectent 80% de la population à un moment donné de leur vie.^[2] Les options de traitement non pharmacologique incluent la thérapie axée sur l’exercice, l’éducation, les modalités physiques, l’acupuncture, la manipulation et le massage pour n’en nommer que quelques-unes. La thérapie axée sur l’exercice est souvent employée pour le traitement des lombalgies et les revues de grande envergure ont témoigné de son rôle bénéfique pour les lombalgies.^[3] De plus, la thérapie au laser est un traitement non médicamenteux prometteur pour les lombalgies.

Deux études, impliquant un total de 136 patients souffrants de lombalgies pendant une période variant entre 12 semaines et 12 mois, comparaient l’effet de la TLFI à la thérapie axée sur l’exercice et à une combinaison de ces deux options pour les lombalgies chroniques.^[1,2] Selon les deux études, la TLFI fut déterminé être une méthode efficace de réduction de la douleur et d’incapacité fonctionnelle à cause de la lombalgie. Dans l’investigation Gur de 2003, un traitement fut administré cinq fois par semaine, durant quatre semaines. La réduction de la douleur était la plus remarquable lors de l’usage du laser et de la thérapie axée sur l’exercice ainsi que du laser uniquement, l’exercice lui-même n’affichant pas d’aussi importante réduction.^[2] Dans l’étude de 2007, le traitement au laser administré deux fois par jour pendant six semaines a résulté en des bienfaits à court terme similaire suite aux six semaines dans tous les trois groupes de traitement.^[1] À long terme cependant, mesuré sur 12 semaines, la combinaison de l’exercice et du laser a démontré une réduction de la douleur et d’incapacité plus importantes ainsi qu’une augmentation de la gamme des mouvements comparativement au groupe ayant reçu la thérapie axée sur l’exercice seulement.^[1] Les deux investigations témoignent du bienfait additionnel de la TLFI lorsqu’utilisé conjointement avec l’exercice ou autres thérapies pour le traitement des lombalgies chroniques.

La thérapie au laser est aussi bénéfique pour d’autres types de douleur musculosquelettique incluant les douleurs au cou chroniques. Dans une méta-analyse approfondie d’écrits scientifiques publiés dans le journal The Lancet, 16 essais contrôlés et aléatoires regroupant 820 patients avec des douleurs au cou chroniques ont été analysés.^[4] Quatorze de ces essais impliquaient des individus souffrants des douleurs au cou chroniques avec une durée moyenne de la douleur de 90 mois! La TLFI fut appliquée à 11 points de déclenchement du cou (points sensibles ou points d’acupuncture) en moyenne durant 10 traitements administrés soit quotidiennement ou deux fois par semaine. Cette revue a démontré que la TLFI soulageait la douleur de façon cliniquement significative, mais aussi que ce soulagement était tout aussi efficace que l’usage des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINA) tels l’aspirine ou Advil pour la gestion de la douleur.^[4] Encore plus remarquable fut la découverte que les bienfaits de la TLFI étaient autant immédiats qu’à long terme : les réductions des douleurs au cou ont perduré jusqu’à trois mois après le traitement pour les douleurs sévères et jusqu’à 22 semaines après le traitement pour les douleurs au cou chroniques.^[4,5]

En conclusion, au fil de cette série en quatre parties, nous pouvons voir que la thérapie au laser à faible intensité (TLFI) est une stratégie sans danger et efficace pour aider la gestion de la douleur chronique incluant la fibromyalgie, les douleurs lombaires et les douleurs au cou. La TLFI aide à soulager la douleur, promeut la guérison et peut décroitre la dépendance des médicaments antidouleur.